L'Assemblée nationale qui sortira des urnes en mai prochain aura à débattre et à prendre position sur le crucial projet de révision de la Constitution, ultime étape du processus des réformes politiques voulues par Bouteflika qui, pour en crédibiliser la portée, s'est abstenu d'en confier la ratification à la présente chambre basse, trop décriée pour être issue d'un scrutin aux résultats dénoncés comme ayant été entachés de fraude. Mais pour que la nouvelle Assemblée nationale ne soit pas la reproduction de celle dont la législature s'achève, le pouvoir doit convaincre que les prochaines élections électorales seront organisées dans la transparence et la régularité. Il n'est pas sûr qu'il réussisse dans l'exercice, tant la méfiance à son égard n'incite pas certains acteurs politiques, et non des moindres, à avoir foi dans les mesures et dispositions arrêtées par lui pour censément garantir cette transparence et cette régularité du scrutin. Un faux bond électoral de leur part est l'un des casse-tête auquel est confronté le pouvoir qui, pour en prémunir le scrutin crucial, est dans l'obligation de consentir d'autres gages allant dans le sens du renforcement du contrôle citoyen et partisan de celui-ci. Mais ces mêmes acteurs politiques, dont la méfiance est par ailleurs légitime, doivent réfléchir cette fois avec plus d'acuité politique encore que précédemment à la position pour laquelle ils opteront pour ce scrutin. Le boycott électoral auquel certains d'entre eux se sont abonnés, en se prévalant de cohérence dans le jugement de la situation politique qui les a conduits à l'adopter, peut se révéler cette fois la cause de leur disqualification irréversible en tant que forces agissantes sur l'échiquier en ce contexte national de recomposition des équilibres politiques. Le Front des forces socialistes (FFS), coutumier du boycott, semble avoir pleinement conscience qu'il n'a pas droit à l'erreur pour cette échéance ; et pour s'en prémunir, il a engagé un vaste débat en interne et des consultations en externe avec d'autres forces politiques et sociales sur la problématique de la position à adopter en l'occurrence. Pour peu que le pouvoir s'abstienne de manipuler les résultats du scrutin de façon ostensiblement aussi pervertissante que pour les précédents, le mode électoral de la proportionnelle aidant, il est probable que la composante de la prochaine Assemblée nationale sera plus amplement mosaïque au plan partisan. Le Front des forces socialistes (FFS) est en capacité et en situation d'émerger dans l'hémicycle en tant que segment de la représentation nationale vers qui d'autres peuvent se tourner pour constituer un front parlementaire de poids. De nouveaux partis vont participer à la compétition électorale. Ils arrivent sur la scène politique pour la plupart en se positionnant contre le pouvoir en place et ses relais politico-partisans. Même s'ils ne partagent pas l'ensemble du programme électoral et des positions du plus vieux parti d'opposition du pays qu'est le FFS, leur posture anti-pouvoir devrait favoriser le rapprochement entre eux et lui. Notamment ceux qui se revendiquent nationalistes et démocrates acquis à la modernité et à l'esprit de tolérance. Un rapprochement qui contribuera à sortir le plus ancien parti d'opposition du ghetto de l'enfermement ethnique et régionaliste auquel l'ont soumis les manipulations des officines du pouvoir, et à la création d'un pôle partisan défendant ces valeurs énumérées, dont jusqu'à présent le FLN et le RND ont indûment monopolisé l'expression pour les résultats politiques et de gouvernance que l'on sait.