Les quatre pays du champ auditionneront à Nouakchott le Nigeria sur les activités du groupe de Boko Haram et ses liens avec El-Qaïda. C'est l'une des questions essentielles à l'ordre du jour de la réunion des quatre pays du champ (Algérie, Mali, Mauritanie, Niger) qui aura lieu le 24 janvier prochain à Nouakchott. C'est un peu la particularité de cette réunion dont la tenue se fait tournante tous les six mois. Organisée déjà à Bamako et à Alger, elle le sera en principe en août prochain à Niamey. «Nous ferons le point avec le Nigeria sur les activités du groupe terroriste Boko Haram et ses liens avec El-Qaïda», a fait savoir hier le ministre délégué chargé des Affaires africaines et maghrébines qui précise ainsi que «c'est une réunion à 4+1». Messahel affirme que «ces liens sont avérés parce que les éléments de Boko Haram agissent avec la même stratégie, les mêmes armes et moyens logistiques qu'El-Qaïda. En plus, des déclarations de responsables nigérians ont été faites à ce sujet.» L'objectif de ces discussions avec le Nigeria est de réfléchir à une stratégie de lutte en relation avec celles élaborées et adoptées par le CEMOC (Comité d'état-major opérationnel conjoint) dont le siège est à Tamanrasset et l'UFL (Unité de fusion et de liaison) dont le siège est à Alger, tous deux mis en place par les quatre pays du champ. La réunion de Nouakchott leur donnera d'ailleurs l'occasion de faire aussi le point sur la coordination militaire dans la sous-région sous l'égide du CEMOC et d'apprécier en même temps l'échange de renseignements par leurs services de sécurité respectifs à travers l'UFL. Ils évalueront, par ailleurs, le partenariat avec Bruxelles et Washington en matière de lutte antiterroriste. Une réflexion sera faite autour d'une structuration du mécanisme de ce partenariat sur la base, dit Messahel, de propositions qui seront transmises aux chefs d'Etat. Le partenariat dont parle Messahel a été débattu dans le forum d'Alger organisé au Palais des Nations les 7 et 8 mars 2011 où 36 pays ont été représentés en plus d'importantes institutions internationales et en présence du commandant en chef de l'Africom, et d'autres importantes personnalités américaines, britanniques, françaises chargées de la sécurité. «Nous insistons beaucoup sur le triptyque formation-logistique-partage du renseignement», dira le ministre délégué pour souligner les priorités que les pays du champ en général et que l'Algérie en particulier ont inscrits dans l'agenda de ce partenariat avec les pays étrangers. Il rappellera que «nous avons eu plusieurs réunions à Bruxelles avec les différentes commissaires de l'Union européenne sur les possibilités de renforcement des capacités d'intervention des pays du champ, sur des projets de développement de la région du Sahel à travers le financement de projets structurants notamment les routes». Les pays du champ veulent en parallèle que la stratégie des aides au Sahel soit repensée «pour mieux l'adapter aux besoins des populations ». LE MAROC, L'EGYPTE ET LA TUNISIE A ALGER 2? Messahel indique que les 4 pays ont présenté des demandes précises aux Américains et Européens sur la sécurité et le développement. Il fait état de «frémissements» dans le cadre de ce partenariat et de coordination avec notamment les Etats-Unis et la France. Les deux pays ont assuré une formation et fourni du matériel roulant et des équipements aux pays du champ. Ces derniers ont aussi constaté «un début de partage du renseignement». En réponse à une question sur une éventuelle adhésion d'un nouveau pays au sein du CEMOC, Messahel a tenu à expliquer que «le champ c'est le nord du Mali et les pays qui sont tout autour, donc ils sont les seuls à revendiquer l'appropriation de la lutte antiterroriste dans cette région». Il estime d'ailleurs que «moins on est, plus efficaces nous le sommes». Le forum d'Alger de mars dernier qu'on appelle aujourd'hui communément Alger 1, a tenu à ce que les partenaires étrangers laissent les pays du champ pratiquer souverainement cette appropriation. «Ce n'est pas une exclusion, c'est juste un esprit d'efficacité et de lutte», explique Messahel. Il affirme que «c'est le compter sur soi qui prime et pour lequel les pays concernés doivent développer leurs propres capacités soit par eux-mêmes ou par la coopération». Il a fallu, rappelle-t-il, «des années pour s'entendre sur ces concepts». Ceci étant, le ministre délégué note que «la Libye est un pays qui sera concerné d'une manière ou d'une autre par les activités du CEMOC». Il affirme que des contacts sont entrepris dans ce sens avec Tripoli. «On pourrait donc être à 4+2 dans la prochaine réunion », dit-il. Messahel a par ailleurs tenu à rappeler que l'Algérie a été membre fondateur du forum contre le terrorisme créé à New York en novembre dernier. «Ce forum est une force d'idées pour la stratégie onusienne de lutte antiterroriste», dit-il. Il souligne alors dans cet ordre d'idées qu' «Alger 2 sera de la même dimension qu'Alger 1». L'Algérie n'exclut qu'Alger 2 dont la date n'est pas encore arrêtée pourrait voir la participation du Maroc, de l'Egypte et de la Tunisie. Il le pense même puisqu'il reconnaît qu' «ils en ont tous émis le vœu».