Les changements politiques dans les pays arabes, en Afrique du Nord notamment, avec le Printemps arabe ont été au centre des travaux du 18ème sommet de l'Union africaine, ouvert, hier dimanche, dans la capitale éthiopienne. Nombre de dirigeants africains ont, en effet, fait le parallèle, au cours de ce sommet, entre la situation politique parfois chaotique en Afrique, notamment au Nigeria, au Soudan et au Congo et les événements de 2011 en Egypte, en Tunisie et en Libye, des pays membres de l'UA. C'est dans ce contexte que s'est inscrite la déclaration du SG de l'ONU, M. Ban Ki moon, adressée aux chefs d'Etat africains. M. Ban a appelé les dirigeants africains à écouter davantage leur peuple et à tirer les leçons des révolutions arabes. Il a, dans son discours d'ouverture des travaux devant les chefs d'Etat, dont le PM Ahmed Ouyahia, en qualité de représentant du Président Bouteflika, estimé que les révolutions arabes avaient été «à la fois une source d'inspiration mais aussi un rappel que les dirigeants doivent écouter leurs peuples, et que nous devons tous faire mieux». Sans évoquer de cas précis, M. Ban a, pour sa part, relevé que «25 pays africains allaient tenir des élections cette année», à un niveau ou à un autre, et a espéré que «ces scrutins seront bien organisés, transparents et inclusifs». Selon M. Ban, la leçon des révolutions arabes est que «le pouvoir de la police ne peut rien face au pouvoir du peuple qui réclame la dignité et la justice». Il a, en outre, appelé à nouveau les autorités en Egypte à «assurer un transfert rapide du pouvoir au gouvernement civil». Très remarqué, le discours du SG de l'ONU n'a pas, pour autant, suscité de commentaires des chefs d'Etat qui se sont succédé à la tribune. Sur la crise entre le Soudan et le Sud Soudan, le secrétaire général de l'ONU dira qu'elle est devenue «une menace majeure pour la paix et la sécurité» régionales, appelant la communauté internationale à intervenir sans plus attendre. «La situation au Soudan et au Soudan du Sud a atteint un point critique, elle est devenue une menace majeure pour la paix et la sécurité à travers la région,» a-t-il ajouté. «La communauté internationale doit agir et agir maintenant», a poursuivi M. Ban devant la presse, inquiet du risque que la situation ne dégénère en une nouvelle guerre. Le président béninois, Thomas Boni Yayi, a été élu, dimanche, président de l'Union africaine (UA) et a immédiatement invité les deux Soudan à améliorer leurs relations et le Nigeria à retrouver le calme. Son élection à ce poste à rotation annuelle a été annoncée par le président équato-guinéen, Teodoro Obiang Nguema, qui occupait la fonction jusqu'ici. Il a appelé Juba et Khartoum, en conflit ouvert sur le partage des ressources pétrolières et des questions frontalières, à avancer vers la «démocratie». Thomas Boni Yayi a également appelé au calme dans la région du Sahel et au Nigeria, assurant du «soutien du continent» pour «que la paix revienne». Le Nigeria a été frappé ces derniers jours par une série d'attaques sanglantes revendiquées par le groupe islamiste Boko Haram. «Le développement de notre continent est entre nos mains, mes chers présidents, c'est pourquoi, je voudrais souligner que c'est dans l'unité et la cohésion que notre continent assurera son développement», a-t-il encore ajouté. Le 18ème sommet de l'UA est axé cette année sur le volet économique et la facilitation du commerce intra-africain. Par ailleurs, le président de la Commission de l'UA, Jean Ping (candidat à sa succession au cours de ce sommet face à l'ex-chef de la diplomatie sud-africaine), a, lui, félicité le président tunisien, Moncef Marzouki, «symbole de la lutte pour la liberté de son pays» et a salué la présence pour la première fois à un sommet de l'organisation continentale des présidents de Zambie, Michael Sata, et du Cap-Vert, Carlos Fonseca, «arrivés au pouvoir à l'issue d'élections exemplaires». Au cours de ce sommet, les dirigeants africains doivent aussi élire le nouveau président de la Commission de l'UA et son organe exécutif.