La PME/PMI n'arrive toujours pas à faire le grand décollage. Les institutions et services d'appui mis en place par l'Etat vont-ils le lui permettre ? Le DG de la direction de l'industrie, de l'investissement et des PME/PMI d'Oran, M.Hamou Benabdallah, fait le point sur l'évolution des PME à partir de l'année 2000, les programmes d'appui et les nouvelles facilitations accordées par l'Etat. Signe positif, 5.434 PME ont obtenu un financement alors que les banques ne dépassaient pas en général 1000. Quelle place occupent les PME/PMI dans le tissu industriel à Oran ? La PME/PMI représente 96% du tissu industriel de la wilaya d'Oran. C'est un tissu qui est encore fragile parce qu'il est issu d'une situation familiale sans étude préalable du marché. Ce n'est que maintenant que l'Etat a pris en charge la PME à travers les derniers programmes de développement pour assurer sa pérennité. Des dispositifs multiples et diversifiés ont été mis en place pour aider ces entreprises à se développer et à se pérenniser. C'est à partir des années 2000 que les pouvoirs publics ont mis en place de grands programmes avec des structures qui sont opérationnelles à ce jour et qui aident à la création d'entreprises plus fiables qui ont une vision sur le marché. A travers ces dispositifs, ANSEJ, ANGEM, les structures de facilitation et les pépinières, la création d'entreprises a été plus fiable. Actuellement, nous avons un tissu qui avoisine les 20.000 PME/PMI avec 101.234 emploi créés. Le foncier a été durant des années un frein pour le développement de l'entreprise. Comment ce problème a été réglé dans la wilaya d'Oran ? La wilaya d'Oran occupe la 2ème place, juste après Alger en matière de tissu PME/PMI. Actuellement, le foncier est disponible. 200 dossiers sont déposés au niveau du CALPIREF (comité d'assistance à la localisation et à la promotion des investissements et à la régulation du foncier) qui a été relancé après un gel de trois ans. Pour arriver à ce résultat, la wilaya et à sa tête le wali, a fait d'abord un diagnostic pour identifier le foncier disponible. Les terrains non exploités ont été récupérés. 30 au total d'une superficie de 122 hectares. Il y avait aussi des gens qui parlaient d'occupation de terrains et qui n'avaient pas d'actes de propriété. Il fallait aussi orienter l'investissement vers cette attractivité et chose plus importante, rendre les zones d'activités plus attractives et c'est dans ce cadre qu'une opération de viabilisation de ces zones a été lancée. Ces trois conditions sont réunies maintenant et nous procèderons à la fin du mois de mars au lancement d' un programme de réhabilitation de sept zones d'activité, à savoir, Sidi Chahmi, El Karma, Oued Tlélat, Boutlélis, Benfréha, Boufatis, Hassi Benokba et celle du grand pôle économique de Béthioua. Quid de la formation assurée aux jeunes entrepreneurs ? Le carrefour du jeune entrepreneur a donné des résultats. Jeudi dernier, nous avons lancé la formation de 200 jeunes entrepreneurs avec la collaboration de la GIZ, (Deutsche Gesellschaft für Technische Zusammenarbeit - ex GTZ), un organisme sous tutelle du ministère des Affaires étrangères allemand. Nous avons commencé par 50 jeunes entrepreneurs qui seront pris en charge par des experts. Viendra ensuite le tour des 150 restants. Les secteurs concernés par cette formation sont l'environnement, un créneau très porteur, l'industrie culturelle, l'informatique et nouvelle technologie et la communication et la petite industrie. Ce genre de formation est une première en Algérie. Au mois d'avril prochain, il y aura le printemps du jeune promoteur à Oran. Les Allemands appellent cet événement le «germe de la fleur». C'est l'occasion de voir l'aboutissement des projets. Après cela, il est prévu une autre formation plus poussée pour les dix meilleurs entrepreneurs en Allemagne. Si cette opération est réussie, elle sera élargie à d'autres wilayas telles qu'Alger, Sétif et Ghardaïa. Quelles sont les nouveautés en matière de financement et de soutien de la PME/PMI ? Parmi les facilitations accordées dans la wilaya d'Oran, il y a le financement, et pour la première fois, de 5.434 PME. D'habitude, les banques ne dépassaient jamais les 1.000 entreprises financées. Ces PME seront en exploitation durant cette année de 2012. Il y a aussi le sous-financement. C'est une institution financière créée par les pouvoirs publics. Elle participe au financement du projet à 49%. L'Etat a débloqué cent milliards de centimes pour ce dispositif. Dès que cet argent est consommé, d'autres sommes seront injectées. Si le montant est colossal, le promoteur est orienté directement vers les banques. Pour le local, le promoteur est hébergé à la pépinière des entreprises durant 24 mois maximum. Là, il peut commencer à travailler. Il peut recevoir ses clients, faire des réunions. Il peut faire son registre de commerce. Dans la PME, les services représentent 60% et l'industrie 10%. C'est un taux faible du fait que ce secteur a été pratiquement mis en veilleuse. Il y avait aussi le problème du foncier qui n'était pas disponible. Mais maintenant, le secteur sera relancé avec les 200 projets qui ont été étudiés par le CALPIREF. Pour les entreprises créées dans le cadre du dispositif ANSEJ qui ont déclaré faillite ou qui ne sont pas en mesure de rembourser, ils ont la possibilité, maintenant, de faire un rééchelonnement ou de changer d'activité. Une initiative louable de la part de la direction générale de l'investissement. Cela permet aux jeunes de relancer leurs activités. Est-il vrai que 50% des PME déclarent faillite après un an ou deux ans d'activité ? Durant ces dix dernières années, la mortalité des entreprises commence à baisser légèrement. Je ne peux pas confirmer ce taux. Il faut faire la différence entre les entreprises qui font faillite et celles qui se déclarent incapables de rembourser le crédit. Une chose est sûre, maintenant, on ne donne pas au jeune un crédit sans passer par le centre de facilitation. Il doit d'abord subir une formation et faire son business plan. Il n'aura pas droit à un crédit sans une assistance. Pour donner la possibilité aux jeunes entrepreneurs d'accéder au marché du bâtiment, il a été décidé, récemment, d'accorder 20% du marché à ces promoteurs. On constate, par ailleurs, une orientation vers l'industrie. Avant, investir dans ce créneau était difficile. L'accès au foncier était difficile. Il fallait acheter aux enchères. Pour une PME dont le projet coûte, déjà, 2 milliards de centimes, le terrain revenait à 4 milliards. C'est pourquoi les pouvoirs publics ont réagi et décidé de céder les terrains par le gré à gré pour tout projet qui sera réalisé dans le secteur de l'industrie selon une procédure bien déterminée. Cette procédure ne permet pas de faire de la spéculation des terrains. Il y a un délai de réalisation et un cahier des charges à respecter. Le promoteur ne bénéficiera pas d'un acte de propriété mais d'une concession à travers laquelle il peut avoir un permis de construire et un crédit bancaire mais en aucun cas, il ne peut vendre le terrain. L'Etat peut récupérer le terrain conformément aux clauses du cahier des charges si dans six mois, et c'est le cas dans la wilaya d'Oran, le projet n'a pas été réalisé. Théoriquement, tous ses dispositifs et moyens mis à la disposition du jeune promoteur sont excellents mais sur le terrain, il y a toujours des mécontentements pourquoi ? Nous avons un problème de culture d'entreprenariat. C'est le constat de beaucoup d'experts. Dans notre scolarité primaire, moyen, secondaire et à l'université, on subit la pression de réussir et avoir la bonne note mais on ne pense pas du tout à notre futur. On est là pour étudier et travailler mais on ne pense pas un moment que notre travail peut être créé par notre entreprise. L'idée de l'entreprise ne vient jamais et on n'a pas encore engagé au niveau de l'université cette culture. Elle se fait, actuellement, timidement. Dans d'autres pays, c'est devenu une obligation. C'est carrément un module.