Rencontré en marge de la réunion qu'il devait tenir avec ses concitoyens d'Oran, Pouria Amirshami, candidat du PS aux prochaines législatives représentant la communauté française à l'étranger, a aimablement consenti à nous entretenir sur un certain nombre de questions. En premier lieu, il nous précisa que cette communauté est forte de 2,5 millions de personnes, réparties en onze circonscriptions. L'Algérie se trouve dans la neuvième qui totalise 140.000 électeurs et qui regroupe, en plus des pays du Maghreb, les pays de la côte ouest du continent africain. Du point de vue numérique, l'Algérie est la plus importante, avec 25.000 votants. Détaillant ce chiffre, il nous indiquera que les binationaux représentent la majorité de cet électorat, composé aussi des résidents et des expatriés. De ce fait, il estimera que cette communauté humaine forme «le premier ambassadeur des relations franco-algériennes». Cette importance n'échappe pas à François Hollande, candidat du PS aux présidentielles, estimera-t-il. D'ailleurs, une visite de Hollande à Alger n'est pas totalement écartée, nous affirme notre interlocuteur. Au cas où son agenda ne le lui permettrait pas, Hollande enverrait une «grosse pointure» du PS. Le nom de Martine Aubry est avancé comme probable émissaire du candidat aux présidentielles à Alger. En cas de succès du candidat du PS, il envisage de remodeler les relations avec l'Algérie, en encourageant davantage la coopération avec les pays du bassin méditerranéen et en révisant les conditions d'octroi des visas, notamment aux étudiants et aux chefs d'entreprise, nous dira Pouria Amirshami. L'enseignement et la coopération culturelle connaîtront eux aussi une sérieuse impulsion en cas de succès de Hollande. Au cours de nos échanges, notre hôte nous fera part de sa conviction que «les débats sur l'identité nationale» initiés par la droite au pouvoir actuellement en France ont démontré leur caractère «contre-productif». Sur le plan politique, Amirshami nous expliquera que la crise que traverse l'Europe d'une part et le retour de la société civile au niveau des pays arabes n'ont pas manqué d'engendrer et de générer des inquiétudes au niveau de son parti notamment. Par inquiétudes, il entend «l'inconnu» accompagnant ce qu'il a appelé l'émergence des sociétés civiles. Il reconnaîtra que les relations entre les deux pays sont toujours empreintes d'une «charge émotive». Ce qui fait que pour «plein de générations, le drame est plus visible que les possibilités» qu'offrent ces relations. L'on saura qu'Amirshami séjourne en Algérie depuis plus de dix jours où il s'est rendu notamment à Alger et Tizi-Ouzou. Il est prévu qu'il ait des contacts avec «des officiels» algériens et qu'il prévoit de revenir en Avril prochain pour des visites similaires à l'est du pays. Concernant les élections présidentielles, lui aussi estime que le discours de François Hollande constitue un tournant dans l'actuelle campagne électorale française. Il nous fera part de sa conviction que l'électorat en France a «envie de tourner la page» avec une gouvernance de plus en plus autoritaire de Sarkozy. Sur ce chapitre, il nous avance deux cas concrets de cette propension à l'autoritarisme de l'actuel président français: la nomination des patrons des télévisions publiques et la nomination des magistrats. Notons que Pouria Amirshami, âgé à peine de quarante ans, est secrétaire national du PS chargé de la francophonie et des droits de l'homme.