François Hollande, candidat du Parti socialiste (PS) à la présidentielle de 2012 en France vient de briser un tabou dans la politique de l'Hexagone. Dans un entretien accordé à la revue Jeune Afrique, M. Hollande a souhaité que la France formule des excuses officielles pour son passé colonial de 132 ans en Algérie. «Je souhaite que les choses soient dites», a-t-il souligné. Le principal rival de Nicolas Sarkozy lors cette présidentielle a dit : «Je souhaite que les choses soient dites. Nous allons célébrer en 2012 le cinquantième anniversaire de l'indépendance algérienne, ce sera l'occasion de rappeler ce qu'est le passé, l'histoire et ses douleurs multiples.» Evoquant cette célébration, Hollande a estimé qu'il «ne faut pas nous figer dans une commémoration qui sera forcément différente dans l'évocation du souvenir en Algérie et en France». Le député de la région de Corrèze n'a pas été jusqu'à s'engager à formuler des excuses officielles pour l'Algérie dans le cas où il serait élu président. Il a en revanche estimé que l'Algérie et la France «doivent être dans une relation de confiance mutuelle et dans la construction de projets communs. Tant les liens humains, culturels et économiques nous unissent». Il est à noter que Nicolas Sarkozy demeure opposé à l'idée de présenter les excuses de la France officielle pour son passé colonial en Algérie. Sarkozy n'est pas le seul à défendre une telle option. De nombreux acteurs de la classe politique françaises sont également sceptiques à l'idée de formuler des excuses à l'Algérie. C'est dire le courage qu'a eu François Hollande d'affirmer sa volonté de franchir une étape nouvelle dans les relations algéro-françaises. Néanmoins, la déclaration de l'homme fort du Parti socialiste intervient dans le contexte des préparatifs à la prochaine présidentielle, ce qui la réduit à une connotation électoraliste. Sur un autre volet, le candidat PS estime que si l'Algérie n'a pas été affectée par le mouvement de révoltes qui a touché plusieurs pays arabes, cela est dû au fait que «l'idée de la concorde nationale demeure» et que l'Algérie se souvient de la décennie noire du terrorisme. François Hollande s'était rendu, en décembre dernier, à Alger à l'invitation du parti du Front de libération nationale (FLN). Interrogé lors de cette visite sur le passé colonial de la France, il avait fermement condamné la colonisation et appelé à un travail de mémoire qui permette aux deux pays de mieux «comprendre le passé pour mieux préparer le futur».