Depuis janvier 2010 (date de lancement de l'opération de dépistage), quelque 13 058 femmes, sans antécédent connu du cancer du sein, ont été dépistées, 10 058 mammographies pratiquées et plus d'une centaine de cancers dépistés au centre régional d'imagerie médicale de Maghnia. Tous ces cas de lésion suspecte de cancer du sein ont été pris en charge par cette seule structure qui compte onze wilayas et qui dispose d'appareils d'écho doppler, de table télécommandée, d'échographie, de salle panoramique dentaire, de scanner, d'IRM et de mammographie. Le centre d'imagerie médicale de Maghnia a ainsi réussi ce pari, en grande partie, grâce aux psychologues, assistantes sociales, manipulateurs et radiologues qui ont tenu à relever le défi du dépistage massif des femmes des zones défavorisées. C'est d'ailleurs l'un des objectifs du ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale qui veut étendre le plus largement possible l'offre de dépistage précoce du cancer du sein à travers le pays (cinq centres d'imagerie ont été réalisés par la CNAS à Jijel, Laghouat, Constantine, Alger et Maghnia). Il faut souligner dans ce contexte que de nombreuses insuffisances persistaient dans les régions intérieures du pays qui ne disposaient pas de moyens de dépistage, de diagnostic et de prise en charge. Les moyens en radiothérapie faisaient cruellement défaut. En outre, les spécialistes en mammographie exerçant dans le secteur public étaient peu nombreux. Le responsable de l'action sanitaire et familiale au niveau de la CNAS de Tlemcen, Dr Acimi Mohamed, nous a fait savoir que «le dépistage du cancer du sein repose sur la mammographie qui permet de détecter des cancers du sein à un stade plus précoce, si elle est pratiquée régulièrement, ce qui permet d'améliorer les chances de guérison. Lorsqu'une anomalie est décelée, d'autres examens d'échographie, de ponction et de biopsie permettent de savoir s'il s'agit ou non d'un cancer. En général, le radiologue palpe le sein pour s'assurer qu'il n'y a pas d'anomalie, une boule par exemple, il réalise ensuite une mammographie, c'est-à-dire une radio des seins. Toute mammographie normale ou bénigne est lue par un deuxième radiologue pour un résultat encore plus sûr. Cette seconde lecture permet de dépister le cancer du sein. Si aucune anomalie n'est identifiée, le radiologue remet les clichés radio à la femme qui doit les conserver pour un prochain examen». Cette maladie est néanmoins encore tabou en Algérie. Même lorsqu'elles découvrent un nodule, les femmes n'osent pas en parler. Mais le centre régional d'imagerie médicale de Maghnia, qui est bien équipé et offre une qualité de soins irréprochable, semble de plus en plus pousser les femmes de la région à briser le mur du silence et à se faire dépister gratuitement.