Le syndicat de CNAN Nord, filiale du Groupe Compagnie nationale algérienne de navigation (CNAN Groupe), refuse le départ de la PDG de l'armateur national, Mme Younes Bouacida. Les «rumeurs persistantes» faisant état du limogeage de la PDG du groupe n'ont pas été du goût des travailleurs de la filiale et de leurs représentants syndicaux, qui disent «ne pas comprendre le pourquoi de ce changement à la tête de la compagnie, alors que les choses se déroulent bien, et que l'armateur a entrepris des démarches de redressement après les aides consenties par l'Etat pour le sauver de la faillite», nous indique Ahmed Aïttou, secrétaire général de CNAN Nord. Selon les syndicalistes, la PDG de CNAN Groupe, tout autant que le DG de la filiale CNAN Nord «travaillent d'arrache-pied pour redresser la compagnie» et «ce n'est vraiment pas le moment de parler de changements à la tête de la compagnie». «D'autant, disent-ils, que la PDG a entrepris des démarches et a même gagné un procès, pour obtenir l'indemnisation des 17 marins algériens du MV Blida auprès de la compagnie CTI Group, le partenaire étranger dans la société International Bulk Carrier (IBC, Spa), filiale de CNAN Group», expliquent les syndicalistes. En plus du départ de l'actuelle PDG, la rumeur fait également état d'un «retour aux commandes de l'ancien DG de CNAN Nord pour diriger l'ensemble du Groupe», selon nos interlocuteurs pour qui un tel retour, «signifie que l'armateur va réellement couler cette fois». Les syndicalistes de CNAN Nord n'hésitent pas à dresser une liste de reproches à leur ancien DG. Selon eux, il a laissé la compagnie «en état déficitaire». «En 2010, le déficit a atteint 200 millions de DA», sans compter «la saisie de trois navires au port d'Anvers pour non-paiement de factures de fuel». En plus, révèlent-ils, «le fuel s'est révélé impropre à l'utilisation et a endommagé des organes sensibles des navires». «Une partie de ces fuels et d'autres résidus (100 tonnes environ) se trouvent actuellement devant le quai de l'ERENAV où le navire «Djorf» subit un arrêt technique, alors qu'une autre quantité est à bord du navire «Ibn Khaldoun»», ajoutent-ils. Le syndicat veut oublier cette étape noire de l'existence de la société qui avait mené en mars 2010 à «l'incapacité de paiement des salaires des travailleurs pendant 3 mois». «Figurez-vous, alors que les travailleurs étaient engagés à patienter le temps de régler les problèmes de la société, c'était l'ancien DG qui nous demandait d'observer une grève», affirment nos interlocuteurs. Selon eux, CNAN Nord doit se focaliser sur son programme de développement. «La filiale a bénéficié, au même titre que le Groupe, d'un programme de redressement, d'assainissement et de développement, accordé par le CPE (Conseil des participations de l'Etat) lors de sa 117e session du 18 septembre 2011. Parmi les mesures prises par l'Etat, l'acquisition de 6 nouveaux navires pour CNAN Nord, la réalisation d'un port sec, et l'octroi de crédits de 700 et 400 millions de DA pour le paiement des saisies des trois navires, les salaires, et d'une partie du lourd endettement estimé à 10 milliards de DA», ajoutent nos interlocuteurs. A ce propos, les syndicalistes tiennent à «remercier vivement le président de la République, le chef du gouvernement et les ministres des Finances et des Transports, pour l'aide consentie afin de sauver l'armateur national de la disparition». De son côté, le propriétaire de l'armateur, en l'occurrence la Société de gestion de participation des transports maritimes (SGP Gestramar), dément tout changement à la tête du Groupe CNAN. Contactée hier, la présidente du Directoire de la SGP Gestramar, Mme Lounis Nadia, a démenti la tenue d'une AG. «Aucune assemblée générale n'est prévue, ni le remplacement de la PDG de CNAN Groupe», nous a-t-elle déclaré. A la question de savoir si l'actuelle responsable de l'armateur national fait l'objet de critiques de la part des membres de la SGP, Mme Lounis a affirmé: «On ne lui reproche rien du tout». Si ces déclarations sont de nature «rassurante», les syndicalistes de CNAN Nord affirment tout de même «rester sur leurs gardes» et qu'ils veilleront à ce qu'aucune décision de ce genre «ne vienne perturber le processus de redressement de la compagnie». Par ailleurs, selon ces mêmes sources syndicales, des inspecteurs de l'IGF se trouvent actuellement à CNAN Nord «pour éplucher tous les dossiers» de la compagnie.