A l'issue d'un vote à main levée, les congressistes du RCD ont choisi hier comme nouveau président du parti, Mohcine Belabas. Ce dernier, député d'Alger, occupait jusqu'à hier le poste de responsable de communication et porte-parole du RCD. Mohcine Belabas, seul candidat en lice, a obtenu la majorité des votes, à l'issue du 4ème congrès du parti dont les travaux se sont déroulés à la coupole du 5 Juillet à Alger. Les congressistes se sont attelés hier durant toute la journée à élire les nouveaux membres du conseil national du RCD, ce qui a fait qu'en fin d'après-midi, le nouveau responsable du RCD n'avait toujours pas fait de déclaration à la presse. Les observateurs s'interrogent cependant sur les raisons qui ont motivé la candidature d'un seul homme alors que le parti, soutiennent-ils, regorge de compétences et de jeunes cadres très compétents. Mohcine Belabas, âgé de 42 ans, sera ainsi le premier cadre du RCD à avoir succédé à Saïd Saadi qui a décidé de ne plus postuler à la présidence du parti après 23 ans de responsabilité. Le nouveau patron du Rassemblement pour la culture et la démocratie, qui avait rejoint l'exécutif du parti en 2004, avait également occupé la fonction de secrétaire national chargé de la coordination. En 1996, il avait été élu président du Syndicat algérien des étudiants démocrates (SAED), à l'issue des assises nationales des étudiants qui se sont déroulées le 16 janvier de la même année à la salle El Mougar d'Alger. Il y a lieu de rappeler que le désormais ex-président du RCD a annoncé son retrait vendredi à l'occasion d'un discours prononcé devant les congressistes du parti. Saïd Saadi, qui a décidé de rester un militant du parti, avait justifié sa décision, qualifiée de «surprenante» par les uns et de «courageuse» par les autres, du fait «qu'il est temps que les compétences formées dans et par le parti s'expriment et s'accomplissent». Cependant, certains anciens responsables du RCD, qui ont été écartés du parti, nous ont affirmé hier que Saïd Saadi fait juste semblant de partir pour mieux revenir et se repositionner. «Il y aura un congrès extraordinaire en 2013 et Saïd Saadi reviendra pour reprendre sa fonction dans le but de postuler à la magistrature suprême», nous a déclaré un ancien cadre RCD, actuellement député à l'APN. Un autre haut responsable du parti a développé la même thèse. Joint au téléphone hier, il soulignera que «Saïd Saadi a réussi à faire le vide autour de lui et à dévitaliser le parti en écartant notamment Ammara Benyounès, Hamid Louanaci, Ali Brahimi, Djamel Fardjellah, Tarek Mira, Mokrane Ait Larbi, Khalida Toumi, Ferhat M'henni, etc.». Cet ex-responsable du RCD nous a affirmé, à titre d'exemple, que depuis le départ du RCD du vice-président Djamel Fardjellah, il y a de cela trois années, Saïd Saadi n'a pu organiser ni meeting ni conférence dans la wilaya de Bejaia alors que le leader du RCD en faisait deux à trois au minimum chaque année dans cette wilaya. «Le départ de Saïd Saadi est une fausse sortie», nous a déclaré cet ancien responsable du RCD. En tous les cas, qu'il s'agisse d'un «retrait stratégique» ou d'une réelle volonté de passer à une nouvelle ère, le docteur Saïd Saadi, psychiatre de formation, est, pour l'heure, le premier homme politique algérien à céder sa place sans guéguerre interne ni tambour battant et appliquer la règle sacro-sainte de l'alternance au pouvoir bafouée allègrement par tous les acteurs politiques algériens depuis l'avènement du multipartisme dans notre pays après les émeutes d'octobre 1988.