Il n'y va pas de main morte, Djamel Fardjellah, pour dénoncer ce qu'il qualifie franchement de « pratiques autocratiques » du président du RCD, le Dr Saïd Sadi. Le député de Béjaïa, exclu en janvier dernier des rangs du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) pour « activisme parallèle en violation des statuts et du règlement intérieur du parti », s'est fondu hier dans un communiqué d'une rare virulence à l'endroit de son ancien « protecteur ». Dans une déclaration rendue publique, hier, l'ancien vice-président du RCD et ancien chef du groupe parlementaire, Djamel Fardjellah, brosse un tableau noir de la situation du parti. « Le RCD s'englue chaque jour davantage dans une crise structurelle de fonctionnement démultipliée par un isolement externe en voie d'être une impasse mortelle », plante-t-il d'emblée le décor. Le programme et le discours démocratiques du RCD sont piégés par « une gestion solitaire et arbitraire conduite d'une main de fer au service d'un président inamovible ». Pour sa deuxième sortie en la matière, -Fardjellah avait déjà publié, le 17 février dernier, une première lettre, aussi au vitriol contre le président du parti-, le député décriera, sans ambages, la nouvelle ligne insufflée au RCD. Une ligne « confuse », « incohérente », « illisible » aussi bien pour le collectif militant que pour l'opinion publique. Les membres du conseil national, dont la réunion est programmée pour le 4 juin prochain, sont, dit-il, « en droit et en devoir de connaître les tenants et les aboutissants des gels et des dégels des activités du parti ». Le 15 janvier dernier, à quelques semaines de l'élection présidentielle, le conseil national du RCD a validé, pour rappel, deux résolutions portant sur le boycott du scrutin et le gel des activités officielles du RCD. La substitution d'un drapeau noir à l'emblème national, action d'éclat par laquelle s'est distingué le RCD pendant ce scrutin, est qualifiée de « dérapage ». Le conseil national se doit, d'après lui, de remettre de l'ordre dans le processus de prise de décision au sein du parti. Pour boucler la boucle, Djamel Fardjellah annonce le déclenchement prochain d'une campagne de « répression interne » ciblant des cadres influents au RCD, sans toutefois les citer nommément. « En ce moment, une imminente purge se met en place avec force calomnies et mensonges (…) contre deux à cinq éminents cadres dirigeants », annonce-t-il. Invité à réagir aux déclarations incendiaires de l'ancien député RCD, Mohcen Belabès, le chargé de la communication au parti, se contentera de réponses évasives. « C'est qui d'abord Djamel Fardjellah ? », nous interroge-t-il, non sans une pointe d'ironie. « Pour nous, il n'existe pas. Il est donc hors de question qu'on réagisse au communiqué de quelqu'un qui a été exclu du parti », précise Mohcen Belabès.