Pour être appliqué, le plan de paix pour la Syrie proposé par l'émissaire international Kofi Annan doit être accepté par les deux parties belligérantes. Or ce n'est pas le cas puisque le Conseil national syrien regroupant les opposants anti-Assad n'a pas donné son accord à ce plan. Raison qui a fait déclarer au représentant syrien à l'ONU que si les autorités de son pays ont accepté de se conformer aux stipulations de ce plan, elles exigent en revanche un engagement similaire de la part de l'opposition. Les soutiens étrangers de cette opposition semblent ne pas voir ce qu'il y a de pertinent dans cette exigence et accentuent leur pression pour que le plan de Kofi Annan ne soit imposé qu'aux seules autorités de Damas. Ils visent en somme à contraindre le régime syrien à déposer les armes. Ce qu'à l'évidence celui-ci n'est pas près de faire. D'où l'on peut présager qu'à la date boutoir du 10 avril fixée pour la mise en œuvre partielle de son plan de paix par Kofi Annan et acceptée par Bachar El-Assad, les affrontements ne vont pas s'arrêter en Syrie. Et l'on voit mal l'armée syrienne rester sans réagir aux harcèlements armés dont elle fera l'objet de la part d'insurgés ne se sentant pas concernés par l'arrêt des hostilités qu'induit le plan Annan. Réaction dont les Etats occidentaux et arabes peu intéressés à la réussite de ce plan se saisiront pour se déchaîner contre «la mauvaise foi du régime» et tenter de faire admettre la nécessité de l'intervention étrangère. Intervention qui d'ailleurs est à l'œuvre puisqu'il est prouvé que les insurgés syriens bénéficient non seulement de l'approvisionnement en armes et matériels de guerre, mais aussi de la participation à leurs côtés d'éléments militaires étrangers venus aussi bien d'Etats arabes comme la Libye, le Qatar et même la Jordanie, que d'Etats européens tels la France, l'Italie et la Grande-Bretagne. Ce sont ces mêmes Etats qui au sein du groupe «des amis de la Syrie» ont poussé celui-ci lors de sa récente réunion à Istanbul à ignorer que le plan Kofi Annan implique que l'opposition doit elle aussi mettre un terme à la violence armée à laquelle elle a recours. Ce que la Russie et la Chine n'ont pas manqué de dénoncer comme parti pris encourageant la poursuite de la guerre civile dont la Syrie est le théâtre. Il est patent que la belligérance en Syrie est instrumentalisée et que l'opposition regroupée dans le CNS est dotée d'une feuille de route excluant toute solution de sortie de crise pour la Syrie autre que le démantèlement par la violence du régime de Bachar El-Assad. Saisi par Kofi Annan, le Conseil de sécurité a certes exprimé son «soutien total» à son plan de paix. Un soutien dont on doute de l'efficacité du moment que des puissances membres de ce Conseil de sécurité s'activent sur le terrain à faire échouer ce plan en poussant à l'irréparable. Les puissances sont dans la logique du non-retour sur leur objectif dans la crise syrienne qui est d'abattre le régime et lui substituer un nouveau pouvoir dont elles ont sélectionné la composante à qui il va être dévolu. Celle qui forme le CNS qu'au mépris de la légalité internationale elles ont décrété comme «unique interlocuteur de le communauté internationale et représentant légitime de tous les Syriens». Sauf qu'à moins de passer outre les Nations unies, elles ne parviendront pas à faire accepter à l'ensemble de cette communauté internationale.