La Russie est prête à coopérer étroitement avec l'émissaire spécial de l'ONU sur la crise syrienne. La communauté internationale, sans la participation de Moscou ni de Pékin, s'est réunie hier à Tunis pour tenter «d'aider le peuple syrien» et obtenir de Damas la fin des tueries. La conférence, doit définir un plan d'aide humanitaire à la Syrie et accentuer la pression sur le régime de Damas sans omettre la reconnaissance du CNS comme représentant du peuple syrien. La Ligue arabe et l'ONU ont annoncé la nomination de Kofi Annan comme émissaire spécial conjoint, dont la mission est notamment de «faciliter un règlement pacifique et complet» de la crise par les Syriens eux-mêmes. Au lendemain de sa nomination à ce poste, l'ancien secrétaire général de l'ONU, Kofi Annan a exprimé hier à Genève son espoir de travailler avec la «pleine coopération de tous les acteurs concernés» pour résoudre la crise en Syrie. A cette initiative, la Chine qui a boycotté la conférence des «Amis du peuple syrien», a salué hier la nomination de Kofi Annan à ce poste, en souhaitant que l'action que mènera ce dernier permettra de parvenir à une solution pacifique et mettre fin aux violences en Syrie, théâtre de contestations depuis la mi-mars dernier. De son côté, la Russie a indiqué hier le ministère russe des Affaires étrangères, est prête à coopérer étroitement avec l'émissaire spécial de l'ONU sur la crise syrienne, «pour chercher les voies vers un règlement acceptable» de la crise. Les pays de la Ligue arabe, l'Union européenne, les Etats-Unis, la Turquie et les différentes composantes de l'organisation syrienne se sont retrouvés dans un hôtel de la banlieue Nord de Tunis pour une réunion de quelques heures. L'opposition syrienne a émis le souhait qu'un appel soit lancé aux autorités de Damas pour mettre en oeuvre un cessez-le-feu immédiat et permettre l'accès des agences humanitaires aux populations en détresse. D'autres options telles que la création de zones sécurisées dans les régions frontalières de la Syrie, défendue par l'opposition ou l'idée de «corridors humanitaires» soutenue par Paris mais rejetées par Moscou devaient être évoquées. Jusqu'à présent, «les discussions les plus avancées portent sur une trêve quotidienne de quelques heures» proposée par le Comité international de la Croix-Rouge, selon un diplomate européen. La question du soutien matériel et financier à l'opposition, l'Armée syrienne libre, ALS, n'est pas invitée à Tunis, devrait aussi être soulevée. Sans aller jusqu'à une reconnaissance formelle, la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton a apporté jeudi un soutien de poids au CNS, en jugeant qu'il était «crédible» et offrait une «alternative» au régime de Bachar al-Assad. «Tunis sera une chance importante de transformer le consensus international en action», avait estimé Hillary Clinton jeudi à Londres, évoquant trois objectifs pour cette journée: l'aide humanitaire, l'accentuation de la pression sur le régime et la transition démocratique. A son tour, le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a déclaré hier qu'il considérait le Conseil national syrien (CNS) comme «l'interlocuteur légitime», sans s'engager cependant sur une reconnaissance formelle. Selon le Premier ministre français, les pays invités à Tunis devraient exhorter le CNS, composé de multiples tendances (islamistes, nationalistes, libéraux, indépendants) et adoubé par les Frères musulmans majoritaires, à intégrer toutes «les composantes» de la société syrienne. De son côté, Alexeï Pouchkov, un député russe qui s'est rendu en Syrie du 19 au 22 février, et qui a rencontré le président syrien à Damas, a indiqué hier que Bachar al-Assad n'est pas prêt à démissionner et estime qu'il bénéficie d'un important soutien en Syrie, en dépit d'un mouvement de contestation réprimé par le régime depuis 11 mois.