La protesta qui agite, depuis plusieurs mois le FLN, a-t-elle eu raison de son secrétaire général, Abdelaziz Belkhadem, et du bureau politique du parti ? Tout semble l'indiquer même si le numéro 1 contesté de la formation fait de la résistance et affirme être «tranquille» et peu soucieux de son avenir immédiat. Son arme ultime : il manque à ses adversaires du Comité central 14 voix pour l'obliger à convoquer une session extraordinaire et le renverser. Tout s'est précipité dans la matinée d'hier, lorsque 220 membres du Comité central se sont réunis pour retirer leur confiance à M. Belkhadem. A l'affût depuis près d'une semaine de la moindre occasion pour en découdre avec leur dirigeant qu'ils accusent d'avoir «tricoté» les listes pour les législatives du 10 mai, selon «ses accointances personnelles», ils ont réussi leur opération. Selon le communiqué qu'ils ont publié, hier en fin de matinée, il ne reste plus au SG, symboliquement chassé de ses fonctions, qu'à convoquer «dans les plus brefs délais» une «session extraordinaire» du Comité central. Il s'agit, disent les signataires, de sauver le parti et corriger sa trajectoire par l'élection d'une nouvelle direction dans le cadre ( ) de la démocratie». Le fera-t-il ? M. Belkadem botte en touche. Hier, le bureau politique décrié a fait savoir aux médias que le bureau politique du parti «n'a reçu aucune demande pour la tenue d'une session extraordinaire du comité central». Il a indiqué que seul le secrétaire général était habilité à le faire. Cette déclaration indique que la confrontation, qui s'envenimera certainement durant les jours prochains, aura lieu sur le terrain juridique et sur fond des textes fondateurs du parti. Au-delà des griefs retenus contre M. Belkhadem accusé de «népotisme» et de «corruption par l'influence de l'argent», ses adversaires jouent sur la carte de la légalité. Pour la réunion d'hier, Mohamed Bourzane a triomphalement affirmé que les signatures de 220 membres ont été recueillies, ce qui autorise, selon le règlement intérieur, a-t-il dit, le retrait de confiance. M. Bourzane ajoute que «la tenue d'une session extraordinaire du Comité central du parti exige la collecte de 230 signatures». Les anti-Belkhadem s'appuient sur les articles 20 et 25 du règlement intérieur et sur l'article 37 du statut organique du parti. Des dispositions qui précisent que «le Comité central du FLN se réunit deux fois par an en session ordinaire» et «une troisième fois en session extraordinaire si les circonstances le nécessitent». Pour réclamer de M. Belkhadem qu'il convoque une session extraordinaire du CC, ses adversaires doivent réunir les 2/3 de ses 351 membres : c'est-à-dire 234 voix. Or, pour l'instant, ils ne sont que 220 et il leur manque 14 voix pour remporter définitivement la bataille. A l'approche du début officiel de la campagne des législatives, ils devront batailler ferme pour chasser les signatures manquantes. Cela est possible quand on sait la prouesse politique qu'ils ont réalisée, hier, alors qu'il n'était pas certains qu'ils se réunissent au siège du parti à Hydra. Mais ce n'est pas acquis, non plus.