C'était trop beau pour être vrai. L'annonce par un quotidien national de la libération des diplomates algériens détenus en otages au Mali a été infirmée aussi bien par le Mujao, qui a revendiqué leur enlèvement, que par les autorités algériennes. Les diplomates du consulat de Gao sont toujours détenus par leurs ravisseurs a indiqué, hier matin, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci. L'absence de réaction des autorités à la publication de l'information avait suscité un doute de plus en plus croissant, car une bonne nouvelle ne se cache pas. Des doutes finalement confirmés officiellement. «Il n'y a pas d'informations concernant la libération du consul d'Algérie à Gao et six de ses collaborateurs», a indiqué M. Medelci, en marge d'un entretien avec la directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova. Le ministre des Affaires étrangères a affiché la disponibilité à explorer toutes les pistes pour aboutir à la libération des otages. «Le gouvernement algérien s'est engagé à travailler avec toutes les parties ayant une influence pour aboutir à une issue heureuse», a indiqué Mourad Medelci, en précisant que lorsque le comité de crise qui suit l'affaire disposera «d'informations crédibles», elles seront portées à la connaissance des opinions publiques nationales et internationales. Il est vrai que dans ce genre d'affaires, la discrétion sur les tractations est de mise, la médiatisation pouvant chahuter les démarches. METTRE IYAD AG GHALY SOUS PRESSION A l'évidence, le MNLA (Mouvement national de libération de l'Azawad) -dont les éléments qui assuraient la protection du consulat algérien à Gao ont cédé devant les menaces des ravisseurs- a tout intérêt à une solution rapide et heureuse. Son influence sur le Mujao (Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de l'Ouest), qui a revendiqué l'enlèvement, n'est pas évidente. Si une pression est exercée, le MNLA la fera sur le chef du groupe Ançar Eddine, Iyad Ag Ghaly, une vieille connaissance, allié sur le terrain avant de devenir, avec l'aide des groupes djihadistes, un réel concurrent. L'Algérie qui, on s'en doute, n'est pas en odeur de sainteté chez Aqmi et sa variante mauritano-malienne du Mujao doit également, par le biais du MNLA ou par le biais de notabilités de la région, signifier à Iyad Ag Ghaly qu'il est comptable de la vie des otages algériens. Il s'agira sans doute de signifier à ce «vainqueur» actuel que sa victoire n'est pas durable et que les groupes terroristes auxquels il s'est allié font de lui un ennemi et une cible légitime. La mise en état d'alerte des forces spéciales algériennes dans un contexte où l'Etat et l'armée malienne ont disparu du nord du Mali est là pour rappeler que désormais, toutes les options sont ouvertes pour obtenir la libération des otages. Le ministre de l'Intérieur, Daho Ould Kablia, n'a pas exclu, dans un entretien au Quotidien d'Oran, la fermeture de la frontière du pays avec le Mali en soulignant que l'Algérie allait «probablement prendre les mesures qu'il faut pour faire face à la situation née de l'enlèvement de ses diplomates». LE FLN DE L'AZAWAD EST NE ! La situation au nord du Mali est marquée par la confusion. On y enregistre la naissance d'un groupe qui se donne pour nom le Front de libération nationale de l'Azawad. Son dirigeant, Housseine Khoulam, ancien lieutenant-colonel de l'armée malienne, affirme disposer de «500 hommes armés et aptes à se battre». Le FNLA serait composé d'arabes de la région de Tombouctou et se dit laïc et non lié au MNLA et Ançar Eddine. A Bamako, le retour à l'ordre constitutionnel s'est amorcé concrètement avec la démission officielle d'Amadou Toumani Touré (ATT), renversé le 22 mars dernier par un coup d'Etat aux effets calamiteux. ATT a remis sa démission «sans pression» ouvrant la voie au président de l'Assemblée nationale, Dioncounda Traoré, et au retrait de la junte militaire. Il présidera le Mali durant une période de transition pour préparer une élection présidentielle et faire face à la situation au nord où l'armée a été expulsée par la rébellion targuie.