Une alliance s'est opérée pour officiellement lutter contre la flambée des prix des produits agricoles et alimentaires de large consommation, qui s'est emparée de l'ensemble des marchés et commerces de quartiers. Les niveaux de la mercuriale ont atteint en effet, ces dernières semaines, des seuils intolérables et inquiétants pour la stabilité du pays. Sinon pour le porte-monnaie de la ménagère qui a subi une très sérieuse cure d'amaigrissement, à un moment où l'inflation a dépassé les 5%. Pour combattre ainsi cette tendance haussière des prix des produits alimentaires, un groupe de réflexion conjoint CNES-UGTA a été institué, hier dimanche, et qui sera appelé à élaborer un mémorandum sur la politique des prix et la maîtrise du pouvoir d'achat, selon le secrétaire général de la centrale syndciale, Abdelmadjid Sidi Saïd. Selon le N°1 de l'UGTA, «les recommandations qui en découleront seront soumises aux plus hautes autorités du pays sous forme d'un mémorandum». Sidi Saïd a, en fait, dénoncé ce qu'il considère comme «un pillage éhonté opéré par des prédateurs du pouvoir d'achat des citoyens et, surtout, des augmentations salariales décidées depuis 2006». Comme il n'a pas manqué de lier ce phénomène avec les contingences politiques actuelles, Sidi Saïd estime, par ailleurs, que la flambée des prix des produits agroalimentaires est liée «à de possibles facteurs politiques en relation avec les élections législatives du 10 mai prochain». «Il y a, quelque part, une démarche de destruction politique», a-t-il affirmé. Il ajoute, au cours de son intervention, qu'«il existe, aujourd'hui, une volonté politique réelle de s'attaquer au problème de la hausse des prix qu'il faut saluer». Même son de cloche chez le président du Conseil national économique et social, Mohamed Seghir Babès, qui a qualifié la hausse des prix de «situation inadmissible». Pour autant, «si la baisse de la production et les spéculateurs sont les facteurs apparents de l'augmentation des prix, tous les intervenants dans la chaîne de spéculation ne sont pas visibles», relève-t-il et d'ajouter que «le problème n'est pas simple». Pour lutter contre la spéculation et les «prédateurs», il a évoqué la possibilité d'un recours à la révision de certains textes de loi, de procédures et de la réglementation, et agir «autrement» pour lutter contre le phénomène qui pénalise «les petites bourses». «Il faut que le pouvoir public réinstaure son autorité», a-t-il martelé, estimant que «la transition de l'économie administrée vers l'économie de marché s'est faite sans logique», et que l'économie se trouve aujourd'hui entre ces «deux berges», et a déploré ce qu'il qualifie d'absence de «l'Etat stratège, de l'Etat puissance et de l'Etat régulateur». Un constat de carence, en fait, grandeur nature quant à l'impossibilité, sinon l'incapacité de l'Etat et ses institutions à intervenir pour stopper, sinon contrôler une vertigineuse hausse des prix des fruits et légumes. Au point que la hausse du prix de la pomme de terre a complètement occulté la flambée des prix des autres produits, comme les courgettes, la tomate ou le poivron. Pour les prix des viandes, c'est également la folie, avec la sardine désormais à plus de 250 DA/kg, la viande ovine et bovine à plus de 800 DA/kg ou le poulet à plus de 250 DA/kg. Pour beaucoup de ménages qui n'auront pas vraiment goûté au plaisir des récentes hausses des salaires, que vaut cette intervention de la centrale syndicale ou celle du CNES dans un secteur où des milliers d'agents et de responsables, payés pour éviter tout dérapage des prix et de la qualité des produits, n'ont rien pu faire.