Après dix-huit ans de purgatoire, l'USMBA vient d'accéder en Ligue 1, tout juste une semaine avant le vingtième anniversaire du décès de Tabet Derraz Allel, membre fondateur du club phare de la Mekerra, qui fut présenté par ses pairs comme étant l'homme de grande classe portant toujours le cigare à sa bouche. Au moment où les sportifs belabbessiens fêtent encore dans l'allégresse cette consécration tant attendue, la famille Tabet Derraz, en cette période printanière, a organisé, jeudi dernier, au domicile paternel une veillée religieuse avec la participation du professeur Bankabou Hadj Ahmed et les fidèles de la confrérie alaouite de Sidi Bel-Abbès en souvenir d'un être si cher. Nos anciens dirigeants sont des monuments. Ils représentent le passé et ce sont eux l'histoire. Nous devons faire la promesse de ne jamais les oublier, de les glorifier en tout lieu et en tout temps, d'honorer leur mémoire et d'enseigner à cette jeunesse montante leur courage et le sens de leur combat. Bien sûr, des générations partent et d'autres surviennent, et il ne fait aucun doute que tout souvenir évocateur est chargé d'émotion. Membre actif depuis la création de l'USMBA en 1933, aux côtés des ténors (aujourd'hui tous disparus), Tabet Derraz Allel ne cessa de sillonner régulièrement le territoire national qu'il connaissait dans sa destinée et même les grandes villes du Maroc et de la Tunisie. A l'époque coloniale où il était difficile de se faire une place parmi les grands, il n'a pas tardé, par sa compétence et son savoir-faire, à gagner l'estime, l'admiration et le respect de la population belabbessienne. Ce personnage de valeur a vécu durant longtemps dans le faste qui sied aux hommes à forte notoriété. Déjà encore adolescent, comme tous les militants de sa génération, il a rejoint le PPA puis le MLD où il avait eu la chance de s'abreuver directement à la source du mouvement national. Le domaine professionnel l'intéressait fortement et le passé vers un créneau exigeant mais profitable à ceux qui savent naviguer dans la concurrence. Son choix a porté sur la fabrication des bonbons ainsi que sur les tabacs et allumettes en gros, mais vacciné comme il l'était, il lui fallait beaucoup d'énergie pour exister. Il avait une certaine maturité pour s'imposer et relever le défi. Son rôle de trésorier au sein de l'USMBA ne l'empêcha pas de briguer vite une place à la commission des finances de la LOFA, présidée par Marcel Bir et gérée administrativement par Benamar Miloud (ex-président de l'USMO), où il eut la volonté de mettre son savoir au service du sport, toujours fidèle dans son engagement à ses convictions footballistiques. A l'époque où certains joueurs avouaient sincèrement qu'ils n'ont jamais tiré profit du football, Tabet Derraz Allel était le dirigeant qui plaidait constamment pour l'ouverture d'un «club de loisirs» en plein centre-ville dont les recettes pouvaient servir à couvrir les besoins du club, et surtout de permettre d'établir un climat de concorde et une saine ambiance de fraternité afin de resserrer davantage les liens avec l'association. Après l'indépendance, il a repris ses activités pour l'élaboration d'un programme ambitieux pour son club préféré l'USMBA. Homme de cœur et d'hospitalité, ses amis disaient de lui qu'il était disponible et infiniment loyal en amitié. Son action s'inscrivait dans la grande lignée de ceux qui ont construit la prospérité de la ville.