L'Algérie, le Maroc et la Tunisie recherchent leurs nouveaux talents... dans le domaine de l'entrepreneuriat. Le projet se nomme Maghreb startup initiative. Lancé au mois de mai, il a pour but d'impulser la création de startups innovantes au sein de la jeunesse des trois pays. La première phase du projet est celle de la sélection des candidats ayant déposé leur projet de business plan sur internet. La compétition est ouverte. Les candidats ont jusqu'à la mi-juillet en Algérie et au Maroc et jusqu'à fin août en Tunisie pour déposer leur projet «à fort potentiel technologique innovant» sur la plateforme Gust via le site web de Maghreb startup initiative. Dans chacun des trois pays, un organisme est chargé de la sélection et de l'accompagnement : au Maroc, la Fondation jeune entrepreneur (FJE), en Tunisie, wiki start up (le premier Innovation incubator privé en Tunisie) et EFE (Education for Employement). En Algérie, c'est Algeria startup initiative et la chambre américaine de commerce (Amcham). Le programme qui se déroulera sur un an a été lancé au sein du projet «Partenaires pour un nouveau départ» dans le cadre du partenariat Etats-Unis-Afrique du Nord pour les opportunités économiques (PNB-NAPEO) associant le secteur privé et la société civile. «On peut dire que la première pierre a été posée à Alger. En octobre 2010, j'ai eu la chance de participer à la US-Maghreb Entrepreneurship Conference organisé par le State Department avec US-Algeria Business Council. L'annonce du PNB NAPEO a été faite à cette occasion, et l'idée de lancer une compétition régionale de business plan a commencé à germer à ce moment-là», explique Mondher Khanfir en charge du projet en Tunisie. LES PHASES DE SELECTION L'appel à projets initié début mai constitue la première phase de cette compétition. L'objectif étant, selon les organisateurs, de recevoir une centaine de candidatures par pays, quitte à prolonger la période d'enregistrement comme le confie le responsable du projet au Maroc, Rida Lamrini, qui n'avait reçu que 26 candidatures à la mi-juin. «Pour atteindre le plus de jeunes possibles, nous nous appuyons sur le réseau des universités et surtout sur les associations étudiantes existantes», explique un des membres d'Algeria startup initiative, Brahim Embouazza. «Nous organisons des journées d'information dans les universités des principales villes du pays au cours desquelles nous présentons la compétition et expliquons comment faire un business plan. Nous proposons aussi des vidéoconférences : l'une avec un entrepreneur algérien et l'autre avec des entrepreneurs de la Sillicon Valley», détaille-t-il. Même stratégie au Maroc où l'équipe de la Fondation jeune entrepreneur s'est déplacée dans les universités de Fès et Oudja. «Quatre secteurs sont concernés par cette première édition : les biotechnologies, l'énergie, l'économie verte et les TIC», précise Mondher Khanfir. « Nous focaliserons sur le potentiel de croissance et de rentabilité à travers une grille d'évaluation fixée par des experts métiers, des scientifiques et des investisseurs. La meilleure façon de dire si un projet est bon ou pas, c'est de demander à des investisseurs s'ils sont prêts à investir dedans». Sur les 100 candidatures examinées dans chaque pays par un jury d'experts, 25 seront sélectionnées pour la phase de formation, comme l'explique Rida Lamrini : «A partir de septembre, les 25 dossiers retenus vont être accompagnés et préparés durant 10 jours dans un boot camp, c'est-à-dire qu'ils vont suivre des formations intenses destinées à leur fournir des outils d'analyse pour affiner leur projet». CINQ PROJETS PRIMES A LA FIN Les vainqueurs devraient être connus en décembre à la suite de la conclusion du boot camp. Trois à cinq projets seront récompensés suivant les pays. Les gagnants recevront un prix en espèce dont le montant dépendra des sommes réunies grâce aux sponsors. Abraaj capital, le principal capital-investisseur du Moyen-Orient basé à Dubaï s'est ainsi engagé à financer une partie de l'initiative au niveau régional. Reste à chacun des pays de trouver des sponsors locaux. Les finalistes bénéficieront par ailleurs du soutien nécessaire à la création de leurs entreprises. Ils seront également invités à participer à une semaine d'échange interculturel et de formation en entrepreneuriat début 2013, dans le cadre du sommet régional de l'entrepreneuriat organisé par le NAPEO en Tunisie. «C'est vraiment une initiative inédite, un bel exemple de collaboration maghrébine qui permet la mutualisation des idées, des expériences et le partage des savoir-faire», s'enthousiasme Rida Lamrini. Reste à espérer que ces entrepreneurs prometteurs ne connaissent pas le destin des jeunes talents repérés dans les émissions de télé-réalité dont le succès ne dure souvent guère plus d'une année.