L'attentat kamikaze ayant ciblé vendredi matin à Ouargla le siège du 4ème commandement régional de la Gendarmerie nationale est revendiqué par le Mouvement de l'unicité et du jihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO). Ce n'est pas la première opération anti-algérienne à l'actif de ce groupe terroriste islamiste aux origines et à l'affiliation encore mal cernées. C'est lui en effet qui a procédé il y a quelques mois à l'enlèvement de trois ressortissants européens dans la région de Tindouf, puis a été derrière l'attentat kamikaze de mars dernier contre le groupement de gendarmerie de Tamanrasset. C'est enfin lui toujours qui détient en otages les sept diplomates algériens kidnappés lors de la prise de Gao dans le Nord-Mali par la rébellion touareg. Autant d'opérations qui montrent clairement que ce MUJAO fait de l'Algérie sa cible favorite et qu'il est loin d'être ce petit groupuscule islamiste sans grande capacité réelle de nuisance comme on s'est complu à le présenter. Dissident ou pas d'Aqmi, le MUJAO mène une guerre déclarée à l'Algérie qui n'a pas que le Nord-Mali pour terrain d'opérations du moment qu'il parvient à frapper profondément en territoire algérien. Par ce qu'il a entrepris contre notre pays et ce qu'il pourrait encore entreprendre, le MUJAO est une menace qu'il ne faut plus sous-estimer d'autant qu'il a fait grief à l'Algérie dans sa revendication de l'attentat kamikaze d'Ouargla d'avoir « poussé le MNLA à entrer en guerre contre lui alors qu'ils avaient pris ensemble avec d'autres groupes il y a trois mois le contrôle des trois régions administratives formant le Nord-Mali ». Il accuse en somme notre pays d'être l'instigateur des affrontements au Nord-Mali entre les groupes islamistes et le MNLA suite auxquels les premiers se sont assuré le contrôle des principales localités de l'Azawad. Il est par ailleurs clair que l'attentat d'Ouargla revendiqué par le MUJAO et l'accusation portée par lui à l'encontre de l'Algérie ne sont pas d'un bon augure pour les tractations et contacts indirects avec le groupe armé en vue de la libération des sept otages algériens. Pour qui roule ce MUJAO soudainement apparu sur la scène troublée du Sahel et qui cible en priorité l'Algérie et ses ressortissants ? Des observateurs spécialistes des questions terroristes ont avancé avec quelques arguments de poids l'hypothèse que ce groupe islamiste est loin d'être issu d'une dissidence dans les rangs d'Aqmi. Qu'en fait sa création est l'œuvre d'officines spécialisées étrangères, régionales et internationales, de même que la feuille de route franchement anti-algérienne dont il a été doté. La composante du groupe étaie quelque peu l'hypothèse. Ce MUJAO est en effet un conglomérat de « djihadistes » à majorité étrangers aux communautés ethniques du Nord-Mali. Raison donc pour penser qu'il constitue une machine de guerre rassemblée dans le Sahel spécialement chargée d'opérer contre l'Algérie comme le prouve l'essentiel des faits revendiqués par lui. Il est aussi la menace créée à l'Algérie dont le but est de la contraindre à renoncer à la vision qui est la sienne sur le dossier du Sahel. Les derniers développements intervenus au Nord-Mali maintenant sous contrôle des groupes islamistes dont le MUJAO et leur prolongement au Sud algérien sous la forme de l'attentat kamikaze perpétré à Ouargla obligent l'Algérie à démontrer qu'elle est en capacité de préserver et la sécurité de son territoire et l'influence dont elle dispose dans la région du Sahel.