A la veille de la commémoration du 50e anniversaire de l'indépendance de l'Algérie, une coordination de huit syndicats autonomes écrit à Bouteflika pour lui faire part de ses craintes d'un «effondrement programmé et dangereux de la cohésion sociale» et lui demander de «mettre fin à tous les agissements qui contribuent à cette menace». Composée de syndicats de l'Education nationale (UNPEF et SNAPEST), de l'Enseignement supérieur (CNES et les enseignants chercheurs hospitalo-universitaires du SNECHU), les praticiens de la santé publique (SNPSSP, SNPSP et SNAPSY), ainsi que les professeurs d'enseignement paramédical (SNPEPM), la Coordination estime que «nous assistons à un effondrement programmé et dangereux de la cohésion sociale», «à la tétanisation de la société», en raison d'un «déficit démocratique réel», renforcé par des «pratiques d'une certaine caste politique qui étouffe les quelques espaces de liberté et les aspirations démocratiques par la peur et la menace». Cette «caste politique» s'inscrit à «contre-courant de vos orientations appelant clairement à la construction d'un véritable dialogue social», poursuit la lettre ouverte s'adressant à Bouteflika. Les syndicats autonomes alertent sur «l'énorme recul des libertés syndicales et une dérive dangereuse dans l'exercice du droit syndical et une remise en question du droit de grève». Ils expliquent cette situation en faisant état de «l'ingérence dans le fonctionnement des organisations syndicales», les allégations de manipulation politique, le recours systématique à la justice pour interdire et étouffer les nombreux mouvements de contestations» et le «black-out imposé par les médias audiovisuels publics» à ces mouvements. Le cas de la «suspension arbitraire de M. Keddad Khaled, président du Syndicat national algérien des psychologues», par le ministère de la Santé et «promptement exécutée par la direction de la santé de la wilaya d'Alger» est cité comme exemple de «violation des lois régissant l'activité syndicale». La Coordination fait appel au président de la République pour «mettre fin à ces agissements qui nuisent à l'image de notre pays et qui compromettent le parachèvement de la construction d'une Algérie démocratique conforme aux aspirations du peuple algérien». Les syndicats autonomes, signataires de cette lettre, demandent au premier magistrat du pays de «prendre les mesures nécessaires afin de faire cesser cet acharnement contre tous les délégués syndicaux, de renforcer le champ des libertés syndicales et d'œuvrer à la promotion du mouvement syndical national afin qu'il puisse assumer ses responsabilités, loin de toute pression et de tout marchandage». C'est ce qu'ils appellent «la construction d'un front interne solide et fort, capable de résister à l'ensemble des périls, susceptibles de menacer la stabilité du pays».