Les massacres continuent en Syrie où quelque 150 personnes ont été tuées jeudi dans le village de Treimsa, qui aurait été bombardé par les troupes fidèles à Bachar El Assad, alors que sur le plan diplomatique la crise syrienne divise toujours les Occidentaux et les Russes, alliés du régime syrien. C'est à Treimsa, dans le centre de la Syrie, que ce nouveau massacre a été perpétré, au moment où l'opposition syrienne dénonce la passivité des Nations unies. Des troupes de l'armée syrienne ont bombardé jeudi ce village, situé dans la province de Hama, en utilisant des chars et des hélicoptères, faisant plus de 150 morts, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). Selon des militants de l'OSDH, le pilonnage a touché une mosquée où s'étaient réfugiés des civils. D'autres disent que le pilonnage avait visé cette mosquée où s'étaient réfugiés les habitants. Les autorités syriennes, qui affirment de leur côté combattre des terroristes depuis le déclenchement de la révolte, il y a près de 16 mois, imputent ce massacre à des «groupes terroristes armés », ainsi qu'aux «médias assoiffés de sang». Selon un habitant, Treimsa «est vide maintenant. Tout le monde est mort ou a fui», affirmant que les forces gouvernementales ont pilonné une mosquée où de nombreux habitants avaient cherché refuge. «Une trentaine de véhicules de l'armée ont totalement encerclé le village. Il n'y avait aucune possibilité de sortir. Quiconque essayait de fuir à travers champs était abattu», a raconté un autre militant. «Après le bombardement, l'armée est entrée dans Treimsa avec des armes légères et les shabbihas' (miliciens pro-régime) suivaient avec des couteaux», a-t-il ajouté. L'agence officielle Sana souligne de son côté que des affrontements ont opposé l'armée à un «groupe terroriste» dans la localité, faisant «de lourdes pertes dans les rangs des terroristes» et trois parmi les soldats. Ce nouveau massacre, qui a été dénoncé par la communauté internationale fait suite à celui de Houla, dans la province de Homs, en mai dernier, où ont péri une centaine de personnes, dont 49 enfants et 34 femmes, et celui d'Al-Koubeir (Hama) en juin qui a fait une cinquantaine de victimes. Les deux massacres ont provoqué un tollé international et dans les deux cas, le régime les a attribués à des «groupes armés». Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a pressé le Conseil de sécurité de l'ONU d'adopter une résolution contraignante «urgente», sous le chapitre VII, pour «arrêter cette folie meurtrière qui menace l'entité de la Syrie, la paix et la sécurité dans la région et dans le monde». L'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Kofi Annan, qui était lundi en visite auprès du président syrien Bachar Al Assad, a estimé que les attaques de Treimsa étaient « une violation de l'engagement du gouvernement de cesser l'emploi d'armes lourdes dans les centres de population et de son engagement sur le plan en six points''. Kofi Annan s'est déclaré «choqué et effaré» par les nouvelles concernant le village syrien de Treimsa et par «l'usage confirmé d'armes lourdes tels que l'artillerie, des chars et des hélicoptères ». Il sera lundi à Moscou pour tenter de débloquer le dossier syrien et arrêter les massacres de civils. Selon des agences russes, Kofi Annan sera à Moscou pour des entretiens avec le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov. «La situation actuelle en Syrie et les perspectives d'un règlement inter-syrien seront au centre des pourparlers», a précisé une source au sein du ministère russe des Affaires étrangères, citée par l'agence Itar-Tass. BLOCAGE DIPLOMATIQUE Cet «énième» massacre en Syrie ne semble pas pour autant avoir fait avancer les choses pour un début de règlement de la crise. Au niveau diplomatique et malgré l'insistance des pays occidentaux du Conseil de sécurité de l'ONU, Moscou reste inflexible dans son soutien au régime de Bachar Al Assad et refuse d'imposer des sanctions. Un projet de résolution sur la Syrie avec des sanctions contre le régime en place a été bloqué par Moscou. Le représentant adjoint de la Russie à l'ONU Igor Pankine a souligné jeudi, à l'issue d'une réunion d'une heure entre les ambassadeurs des cinq pays membres permanents du Conseil (Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Chine, Russie), que les sanctions étaient «une ligne rouge» à ne pas franchir. À Moscou, le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Guennadi Gatilov, a jugé également «inacceptable» la résolution occidentale, faisant valoir qu'elle ne fixait pas d' «obligations » à l'opposition syrienne. Dans leur texte, Européens et Américains ont donné 10 jours au gouvernement syrien pour retirer ses troupes et armes lourdes des villes rebelles, sous peine de sanctions économiques. La Russie, alliée du régime syrien depuis l'époque soviétique, a déjà mis par deux fois son veto à des résolutions brandissant la menace de sanctions contre Damas. Le texte proposé par les Etats-Unis, la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne prolonge aussi pour 45 jours la mission des observateurs. Les cinq du Conseil de sécurité devaient se rencontrer hier vendredi, pour trouver une solution de compromis notamment sur le rôle de la mission des observateurs de l'ONU en Syrie. La répression de la révolte et les combats entre forces gouvernementales et l'opposition ont fait plus de 17.000 morts depuis le début, à la mi-mars 2011, de la contestation contre le régime de Bachar al-Assad, selon l'OSDH.