Au moins 150 personnes ont été tuées jeudi dans le centre de la Syrie. Des bombardements ont visés la localité de Treimsa, dans la province de Hama, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme. Des témoignages ont affirmé que le pilonnage a touché une mosquée où s'étaient réfugiés des civils. Le gouvernement syrien a fait porter la responsabilité du massacre aux «groupes terroristes armés» ainsi qu'aux «médias assoiffés de sang», selon l'agence officielle Sana. La charge vise notamment la chaîne qatari Al-Jazeera pour son soutien affiché à la révolte. Le Conseil national syrien (CNS), principale coalition de l'opposition, a condamné le plus «infâme des génocides commis par le régime syrien» et pressé le Conseil de sécurité d'adopter une résolution contraignante «urgente» sous le chapitre VII pour «arrêter cette folie meurtrière qui menace l'entité de la Syrie, la paix et la sécurité dans la région et dans le monde». Ce massacre intervient au moment où le blocage diplomatique est total sur le dossier syrien. Un bras de fer oppose toujours au Conseil de sécurité les pays occidentaux et la Russie sur un projet de résolution. Les membres du Conseil négocient un projet de résolution mais les interminables pourparlers risquent de tourner au bras de fer entre les Etats-Unis et la Russie. Moscou refusant de sanctionner Damas estimant que la crise est plus complexe. Les Etats-Unis menacent de leur côté de ne pas prolonger le mandat de la Mission des observateurs de l'ONU en Syrie (Misnus) si le Conseil n'utilise pas les sanctions comme moyen de pression sur Damas. Les quelque trois cents observateurs qui ont été déployés à la mi-avril afin de surveiller un cessez-le-feu, jamais appliqué au demeurant, ont dû suspendre leurs patrouilles en raison de la poursuite des combats. Après une réunion des ambassadeurs des cinq membres permanents du Conseil (Etats-Unis, France, Royaume Uni, Chine, Russie), le représentant adjoint de la Russie, Igor Pankine, a averti que les sanctions étaient bien «une ligne rouge» à ne pas franchir. Les Frères musulmans de Syrie, membres influents du CNS, se sont déchaînés en particulier contre l'émissaire international Kofi Annan, mais aussi l'Iran et la Russie, et les ont accusés d'être «responsables» de cette tuerie, par leur inaction. Mais selon l'agence officielle syrienne Sana, des affrontements ont opposé l'armée à un «groupe terroriste» dans la localité, faisant «de lourdes pertes dans les rangs des terroristes» et trois parmi les soldats. Sur un autre plan, Damas a confirmé la première défection de l'un de ses ambassadeurs, jugeant que ses déclarations aux médias étaient «en contradiction avec son devoir qui consiste à défendre les positions et la cause de son pays». Mercredi, l'ambassadeur syrien en Irak, Nawaf Farès avait annoncé sa défection dans un message vidéo diffusé par Al-Jazeera, appelant l'armée à «rejoindre immédiatement les rangs de la révolution». Les combats entre forces gouvernementales et rebelles ont fait plus de 17 000 morts depuis le début, à la mi-mars 2011, de la crise, selon une ONG. M. B./Agences