La marine allemande, la Deutsche marine, va former des officiers et des sous-officiers algériens. On ne connaît pas pour l'instant la durée ni l'étendue du programme mais il s'inscrit dans le cadre des opérations de la marine nationale pour la surveillance de nos eaux territoriales et du contrôle du trafic maritime en Méditerranée. L'information publiée le 15 juillet dernier dans Bild am Sonntag, l'édition dominicale du journal allemand à grand tirage et d'inspiration tabloïd Bild, évoque le début d'une coopération importante entre les marines allemande et algérienne. Mais il s'agirait, selon une source du Quotidien d'Oran, de l'application d'un «volet formation» compris dans l'achat en mars dernier mais non encore officiellement confirmée par l'Algérie de deux frégates porte-hélicoptères de type A200-MEKO. La réception de ces frégates (490 millions de dollars us) dotées de missiles antinavire RBS-15 Mk3 (de fabrication germano-suédoise) nécessite, selon la même source, une «action-formation» qui pourrait durer plusieurs mois. Elle ne sort pas de l'ordinaire des projets que poursuivent depuis quelques années les forces navales algériennes dans le nouvellement de ses équipements. Mais elle confirme tout de même l'ampleur du programme de coopération militaire dans lequel Alger et Berlin ont décidé de s'engager. En 2010, à l'occasion de sa visite historique effectuée en Allemagne, le chef de l'Etat Abdelaziz Bouteflika et la chancelière Angela Merkel ont évoqué la volonté des deux pays d'inclure dans leur partenariat les questions de défense. Mais c'est son ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci qui, en recevant en janvier dernier à Alger son homologue allemand Guido Westerwelle, avait sans ambiguïté affirmé que le rapprochement en cours entre Alger et Berlin allait comporter un volet militaire important. Selon des sources concordantes et publiques pour certaines, l'Algérie devrait pour les dix prochaines années acheter pour près de 14 milliards de dollars de matériel militaire allemand. Dans le cadre de ces accords, les groupes Rheinmetall et MAN doivent construire des blindés de transport Fuchs, Daimler vendrait à notre pays des véhicules tout-terrains tandis Thyssen Krupp aiderait à la construction de navires de guerre et à la formation de personnel naval. Cinquante ans après son indépendance, l'Algérie confirme ainsi ce qui se dit depuis une dizaine d'années déjà: l'intention nette de ses forces armées et navales dans le cas présent de se moderniser en s'orientant vers une coopération plus élargie géographiquement et en s'assurant des atouts lui permettant l'interopérabilité dont elles ont besoin pour gagner en efficacité en indépendance opératoire. Pour rappel, le contrat militaire de 14 milliards de dollars avec l'Allemagne, s'il venait à être confirmé, est le plus important jamais signé par l'Algérie avec un pays occidental et, de surcroît, membre de l'OTAN.