Une action commune pour des cités plus propres. Un plan de réhabilitation du cadre de vie dans les cités sera mis en œuvre par les collectivités, en collaboration avec les comités de quartier. Le wali d'Oran fait de l'hygiène de la ville une priorité de son programme, au même titre que le logement. «Allez dans les cités. Entrez-y ! Ne restez pas sur les routes et les artères seulement. Il faut réhabiliter et entretenir nos cités. Durablement et non occasionnellement. La plupart des cités d'Oran sont dans un état lamentable. Ça ne peut plus continuer ainsi; il est temps de faire quelque chose de sérieux », a ordonné en plénière le wali, lors du dernier briefing, en s'adressant aux membres de l'exécutif. Et d'ajouter sur le même ton : « Impliquez les comités de quartier dans votre action. Il faut aller vers eux, dans les cités, et coordonner avec eux. Que chaque commune et chaque secteur urbain mettent un plan d'action cité par cité. Chaque fois et de manière cyclique, on s'occupe d'une cité. On y concentre tous les moyens et le personnel. En amont, il faut sensibiliser les habitants des cités en se déplaçant chez-eux, ainsi que par des articles de presse, des émissions radio, des prêches dans les mosquées (le wali a sollicité le directeur des Affaires religieuses à cet effet) » Le directeur de l'exécutif, Abdelmalek Boudiaf, a reconnu, en substance, que les secteurs urbains ont tendance à se dédouaner de la mission d'entretien des cités en prétextant toujours l'incivisme des citoyens. Et qu'en revanche, les citoyens ne songent qu'au confort de leurs apparts, ne se souciant point de l'entourage, même le plus immédiat. Il est évident que la culture de la sauvegarde de la cité est quasi absente d'un côté comme de l'autre. Un programme durable d'entretien des cités peut-il se concrétiser sur le terrain et ne pas rester au stade de l'intention ? «Quand il y a la volonté, on peut tout faire. Tenez par exemple, il n'y a pas si longtemps, Oran traînait une triste réputation de ville sale. Ce qui n'était pas faux. Aujourd'hui, elle n'est pas la ville la plus propre du pays certes, mais néanmoins, la capitale de l'Ouest n'est plus dernière au classement. Il y a eu, depuis vingt mois, une amélioration incontestable dans ce registre, à la faveur de l'inscription par l'exécutif de wilaya, de l'hygiène de la ville comme priorité au même titre que du RHP. Et comme il faut avoir les moyens de sa politique, la wilaya s'est dotée du plus important apport en matériel de nettoyage et en personnel, dans le cadre des différents dispositifs d'emploi, dans son histoire. Il ne se passe pas une seule visite d'inspection ou une réunion, dans l'hémicycle, sans que l'on assiste à de sévères réprimandes à cause de manquements dans l'hygiène du milieu. Ce n'est plus un secret désormais : la première chose que doivent faire les P/APC et les directeurs des secteurs urbains, lorsqu'ils se lèvent le matin, ce n'est plus une virée dans les services de leur administration mais une tournée à travers leur territoire pour vérifier s'il y a des ordures non ramassées etc. Autre exemple, Oran était également connue par les interventions interminables sur la voirie ; on creuse, on revêt la chaussée, on creuse à nouveau, ainsi de suite. Aujourd'hui, pour toucher à la voirie il y a une procédure draconienne imposable à tous les intervenants», argumente un membre de l'exécutif, pour qui l'entretien durable des cités par les efforts conjugués de la collectivité et des citoyens est « parfaitement faisable». «Il ne suffit pas de mettre des bacs à ordures dans chaque cité pour dire qu'on s'occupe bien de l'hygiène des lieux », réplique un habitant de la cité Perret. « Plusieurs fois, ajoute-il, le ramassage se fait tardivement ou ne se fait pas du tout pendant plusieurs jours. Je ne veux pas tout mettre sur le dos de la commune. Des habitants qui jettent leurs ordures par la fenêtre, il en existe tant dans notre cité malheureusement. Mais l'hygiène de la cité n'est pas seulement la collecte des ordures, il y a l'éclairage, la voirie, l'assainissement, les espaces verts, etc. Rien de cela ne va bien dans notre cité. » Il faut dire qu'il n'y a rien de bien réjouissant, si l'on considère l'image pitoyable renvoyée par certaines cités d'Oran-ville et des autres communes. Partant de ce constat amer, le wali a souligné la nécessité de lancer des campagnes de sensibilisation auprès des citoyens et notamment en direction des associations de quartier susceptibles, à elles seules, de dégager une dynamique salvatrice en mesure de renverser l'ordre des choses et de rendre accueillantes des cités déjà gravement pénalisées par l'absence d'espaces verts et d'aires de jeux et de détente. Prolifération de décharges, prélèvement tardif des restes ménagers, manque d'entretien, égouts à ciel ouvert par endroits, eaux stagnantes, absence de débroussaillement font partie du décor de nombreuses cités. Ajoutées à cela les moustiques qui envenimement le quotidien des habitants de plusieurs quartiers. La frange la plus touchée est incontestablement celle des bébés qui sont réveillés, au milieu de la nuit, par une piqûre de moustique, perturbant leur sommeil réparateur. « Pour cette saison estivale, c'est trop tard. Nous sommes en pleine guerre avec ces insectes à coups de pastilles anti-moustiques, insecticides, moustiquaires et autre système D. Mais pour l'année prochaine, nous avons décidé, d'un commun accord, de faire le travail à la place des élus qui ont la tête ailleurs », se désole un membre d'un comité de quartier de Petit Lac, en montrant les bras et les jambes de son fils de 3 ans constellés de piqûres de moustiques. Un état des lieux qui a poussé le wali à s'interroger sur le gros retard accusé par la commune d'Oran au travers de ses services d'hygiène et d'assainissement à procéder à l'opération de démoustication, qui doit se faire en principe, durant la saison de ponte, au printemps. L'explication donnée par les municipaux pour justifier cet état de fait, à savoir une première infructuosité du marché qui aurait retardé l'opération, n'a guère convaincu Boudiaf Abdelmalek qui a déclaré sentir une « mauvaise odeur », dans cette histoire d'opération de démoustication.