Plus que jamais, le président syrien Bachar Al Assad a confirmé, hier mardi, qu'il n'est pas prêt à quitter le pouvoir, alors que beaucoup, même parmi les soutiens les plus proches du régime, disent que le moment est venu de négocier un futur moins préoccupant pour la Syrie. Bachar Al Assad a martelé, après avoir reçu à Damas Saïd Jalili, émissaire du Guide suprême iranien l'ayatollah Ali Khamenei, sa détermination à écraser la rébellion contre son régime. «Le peuple syrien et son gouvernement sont déterminés à purger le pays des terroristes et à les combattre sans répit», a-t-il dit à Saïd Jalili, selon l'agence Sana. L'émissaire du Guide suprême de l'ayatollah Ali Khamenei, était arrivé dans la journée à Damas où il a été immédiatement reçu par le président syrien. Selon la télévision syrienne, MM. Assad et Jalili ont examiné «les relations bilatérales entre la Syrie et la République islamique iranienne, et la situation dans la région». De son côté, Jalili a affirmé que l'Iran resterait aux côtés de la Syrie face à ceux qui veulent la briser. Pour lui, la Syrie est un élément essentiel de la «résistance» contre les Etats-Unis et Israël. «L'Iran ne permettra jamais que l'on brise l'axe de la résistance dont la Syrie est un pilier essentiel», estimant que la situation en Syrie n'est pas une crise interne mais un conflit entre l'axe de la résistance dans cette région contre Israël et les Etats-Unis. La présence de M. Said Jalili à Damas est directement liée au rapt dimanche, dans la capitale syrienne, de 48 pèlerins iraniens par des membres de l'opposition syrienne, qui les accuse d'être des militaires au service du régime de Damas. L'enlèvement de ces pèlerins a vite fait de devenir une affaire aux multiples ramifications entre Téhéran, Damas et Ankara, la Turquie ayant été sollicitée par les autorités iraniennes pour intercéder auprès de l'opposition syrienne pour la libération des 40 otages iraniens. Le chef de la diplomatie iranienne Ali Salehi doit discuter mardi soir avec son homologue turc à Ankara de cette affaire et plus globalement de la crise syrienne. Par ailleurs, l'émissaire iranien, également secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale, arrivé mardi matin à Damas, en provenance de Beyrouth, a indiqué après avoir été reçu par Bachar, que 'la solution à la crise en Syrie doit venir de l'intérieur de ce pays et via le dialogue national, et non via l'intervention de forces extérieures». Cité par le correspondant à Damas de la chaîne de télévision iranienne privée Al-Alam', M. Jalili avait affirmé, un peu plus tôt dans la journée, à Beyrouth où il était en visite officielle, qu'une solution du conflit en Syrie «doit être trouvée selon les règles démocratiques et non en envoyant des armes et en versant le sang». Les Etats «qui croient pouvoir obtenir la sécurité en alimentant l'insécurité dans les pays de la région, à travers l'envoi d'armes et l'exportation du terrorisme, se trompent», a-t-il ajouté. Il prône l'arrêt total de la violence, l'organisation d'un dialogue national et des élections générales en Syrie où doit être envoyée de l'aide humanitaire pour soulager la population. Sur un autre registre, les défections de hauts gradés de l'armée syrienne se poursuivent, selon l'opposition, alors que la défection lundi du PM syrien semble n'avoir pas eu l'effet escompté.«On enregistre des défections dans toutes les composantes du régime, à l'exception de son noyau dur, qui n'a pas donné de signes de fracture», déclare Peter Harling, de l'International Crisis Group. «Le régime s'érode et perd ses strates périphériques depuis des mois, tout en se reformant autour d'une force combattante prête à tout», estime cet expert, cité par Reuters. Les prédictions occidentales - ou turques - d'un effondrement imminent du régime issu de la minorité alaouite, une branche du chiisme, se sont cependant toujours révélées prématurées, ajoute cet expert selon lequel la crise en Syrie semble tourner à une guerre par procuration opposant rebelles soutenus par la Turquie et les puissances sunnites comme l'Arabie Saoudite et le Qatar, et le gouvernement de Damas soutenu par l'Iran chiite. Par ailleurs, les combats étaient toujours intenses hier mardi à Alep où les forces armées syriennes ont bombardé et pilonné les quartiers aux mains des insurgés. L'enjeu de la conquête de cette ville a fait que plus de 20.000 militaires y ont été déployés par le régime contre quelque 6.000 à 8.000 rebelles. Les combats se concentraient dans les quartiers d'Antakia, Aziziya, Bab Jénine, Sabah Bahrat, et près du palais de justice, à l'ouest de la ville, a précisé une organisation de l'opposition. L'armée pilonnait, par ailleurs, les quartiers de Chaar, Sakhour et Qatarji, à l'est. Les militants de l'opposition ont indiqué que l'armée utilisait aussi des hélicoptères et bombardait le quartier de Hanano (est).