Le président syrien, recevant hier Said Jalili, émissaire du Guide iranien, Ali Khamenei Le président syrien Bachar Al-Assad, confronté à une agression soutenue par l'étranger, a reçu hier un émissaire de son allié iranien, apparaissant pour l'occasion à la télévision. «La solution à la crise en Syrie doit venir de l'intérieur de ce pays, via le dialogue national, et non via l'intervention de forces extérieures», a déclaré Saïd Jalili, émissaire du Guide suprême iranien l'ayatollah Ali Khamenei, cité par le correspondant à Damas de la chaîne iranienne Al-Alam. «Le peuple syrien est hostile à tout plan soutenu par les sionistes ou les Etats-Unis», a ajouté M.Jalili. L'Iran accuse les Etats-Unis, l'Arabie saoudite, le Qatar et la Turquie d'aider les rebelles à faire tomber le régime Assad. Les insurgés et les Etats-Unis accusent en retour l'Iran de soutenir militairement Damas. La télévision syrienne a montré le président Assad - qui n'était pas apparu depuis la prestation de serment du nouveau ministre de la Défense le 22 juillet - parlant avec M.Jalili et la délégation iranienne. Evoquant par ailleurs les 48 Iraniens enlevés samedi dans la province de Damas, M.Jalili, arrivé hier matin en provenance de Beyrouth, a déclaré: «Nous estimons que les terroristes, mais aussi ceux qui les soutiennent, sont responsables de cette action criminelle», a-t-il précisé, assurant que «l'Iran utilise tous les moyens pour obtenir la libération immédiate des pèlerins innocents enlevés». Téhéran assure que les captifs sont des pèlerins, tandis que la «brigade Al-Baraa», qui a revendiqué le rapt, assure qu'ils appartiennent aux Gardiens de la révolution, armée d'élite du régime islamique. D'après cette brigade rebelle, trois des Iraniens ont été tués lors d'un bombardement des forces du régime. Le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, devait se rendre brièvement en Turquie en fin de journée (hier) pour évoquer ces otages. «Dans la mesure où l'Armée syrienne libre (ASL, rébellion) qui prétend avoir enlevé les pèlerins est soutenue par la Turquie, la visite du ministre vise à rappeler au gouvernement turc ses responsabilités dans cette affaire», a expliqué M.Salehi. L'Iran a affirmé que Washington était également responsable de la vie des otages compte tenu «du soutien flagrant des Etats-Unis aux terroristes». Sur le terrain l'armée a achevé dimanche l'envoi d'importants renforts à Alep, théâtre d'affrontements depuis le 20 juillet, et est désormais prête pour la bataille «décisive», selon une source de sécurité. D'après un responsable de la sécurité, au moins 20.000 militaires s'y trouvent et les rebelles comptent pour leur part entre 6000 et 8000 hommes, selon le journal al-Watan, proche du pouvoir. Les insurgés disent tenir la moitié de la ville et affirment que, malgré les bombardements, notamment aériens, les soldats ne parviennent pas à avancer au sol. Ces nouvelles violences surviennent au lendemain de la défection du Premier ministre Riad Hijab, plus haut responsable à rompre avec le régime, et alors qu'un nouveau général a fui en Turquie accompagné de 12 officiers, selon l'agence Anatolie. M.Hijab, un sunnite nommé il y a deux mois par le président Assad, a fui avec sa famille en Jordanie en raison des «crimes de guerre et de génocide» commis par le régime, selon son porte-parole, Mohamed Otri. Le ministre syrien de l'Information Omrane al-Zohbi a minimisé l'impact de cette défection, la télévision d'Etat affirmant que M.Hijab avait été limogé. Mais pour Washington, les défections montrent que M.Assad a perdu le contrôle du pays.