Le président Bachar al-Assad a perdu un des piliers de son régime, le désormais ex-Premier ministre Ryad Hidjab qui a fait défection lundi soir, alors que les combats entre les troupes régulières et l'armée syrienne libre (ASL) s'intensifient dans la ville économique d'Alep où les rebelles affirment contrôler la quasi-totalité de ses quartiers. «J'annonce ma défection du régime meurtrier et terroriste pour rejoindre les rangs de l'opposition dont je deviens l'un des soldats», avait annoncé Ryad Hidjab, dans un communiqué, lu en son nom par son porte-parole sur la télévision qatarie Al-Jazeera, mais à Damas, où un attentat à la bombe avait eu lieu au troisième étage de l'immeuble de la télévision et radio d'Etat, le gouvernement affirme qu'il s'agit tout simplement d'un limogeage. «Ryad Hidjab a été démis de ses fonctions de Premier ministre», et remplacé par Omar Ghalawanji, vice-Premier ministre et ministre de l'Administration locale qui aura pour mission d'«expédier temporairement les affaires courantes», a sommairement annoncé la télévision d'Etat syrienne, reprise par les agences de presse. Riyad Hidjab a accusé le régime de Damas de «crimes de guerre» et de «génocide», mais sa défection semble être préparée depuis un moment par l'ASL qui aurait facilité sa fuite en Jordanie avant de rejoindre le Qatar, en compagnie de sa femme et de ses enfants. L'agence turque Anatolie a affirmé quant à elle que l'ancien Premier ministre a fui vers la Turquie, «accompagné de douze officiers supérieurs de l'armée». Le régime tente de minimiser cette nouvelle défection, après celle du général Manaf Tlass, un ami personnel du président Al-Assad, mais la réalité est que le cercle de fidèles se rétrécit de plus en plus autour du chef de l'Etat syrien. A noter que Ryad Hidjab a fait défection deux mois seulement après sa nomination, ce qui démontre la fragilité des appuis internes d'Al-Assad qui continue, toutefois, de bénéficier du soutien diplomatique de la Russie, de la Chine et de l'Iran. Par ailleurs, Washington a considéré cette défection comme un signe que le président a totalement perdu le contrôle de la situation.
Bataille diplomatique Le président syrien a reçu hier Saïd Jalili, émissaire du Guide suprême iranien, l'ayatollah Ali Khamenei, qui accuse la Turquie et les puissances occidentales d'être les premiers responsables de l'enlèvement par les rebelles syriens d'une quarantaine de pèlerins iraniens à Damas. «Dans la mesure où l'Armée syrienne libre (ASL, rébellion) qui prétend avoir enlevé les pèlerins est soutenue par la Turquie, la visite du ministre vise à rappeler au gouvernement turc ses responsabilités dans cette affaire», a expliqué le ministère iranien des Affaires étrangères à l'agence officielle syrienne Sana. Téhéran affirme que les captifs sont des pèlerins, tandis que la brigade Al-Baraa, qui a revendiqué le rapt, assure qu'ils appartiennent aux Gardiens de la révolution, armée d'élite du régime islamique, a rapporté Reuters. Dans la bataille diplomatique par médias interposés, l'agence officielle russe Ria Novosti a rapporté hier en citant la chaîne du Hezbollah libanais Al-Manar, que sept officiers turcs et saoudiens ont été capturés par l'armée syrienne opérant à Alep (Nord). «Selon ces informations, les officiers ont été arrêtés dimanche lors d'une opération spéciale menée par les militaires syriens dans le quartier qui abrite le bâtiment de la radio et télévision syriennes. Des interrogatoires ont permis d'établir leur implication dans des opérations de combat», a noté Ria Novosti. Loin de l'agitation des coulisses, les armes continuent à se faire entendre à Alep où l'ASL affirme que les troupes d'Al-Assad n'avancent pas au sol malgré l'intensification des bombardements sur les positions des rebelles. Pour certains analystes, la bataille d'Alep sera déterminante. Il suffit de voir les 20 000 militaires qui ont été déployés autour et à l'intérieur de ce poumon économique du pays pour comprendre l'enjeu de cette bataille. Le nombre de soldats de l'ASL serait entre 6 000 et 8 000 éléments, mais fortement équipés, selon certaines sources.