Les réactions internationales à la désignation de notre ancien minis tre des Affaires étrangères Lakhdar Brahimi en tant qu'émissaire de l'ONU et de la Ligue arabe pour la Syrie ont toutes été positives. Reste à savoir si les parties qui ont exprimé leur approbation à sa nomination et émis le vœu que sa délicate mission réussisse, vont l'aider à l'accomplir. Parfaitement instruit des raisons qui ont été la cause de l'échec du plan de paix de son prédécesseur à la même mission, Kofi Annan, et du renoncement de celui-ci à la poursuivre, Lakhdar Brahimi a avant d'accepter sa nomination posé des conditions. Si finalement il l'a été, l'ont veut croire qu'il aurait obtenu des assurances solides lui ayant permis de se faire à la conviction qu'il a des chances de mener à bien sa médiation. Kofi Annan avait lui aussi reçu des assurances de même nature. Lesquelles se sont avérées simples « ruses de guerre » et de propagande dès lors qu'il a voulu faire appliquer les points de son plan de paix ne convenant pas à l'un ou l'autre camp protagoniste de la crise syrienne. Il semble que Lakhdar Brahimi entre en scène dans cette crise à un moment où les partisans de la solution militaire d'un côté comme de l'autre se sont rendu compte qu'elle est en train de les entraîner vers une situation en Syrie et pour la région et pour la paix mondiale dont les développements risquent d'échapper à leur maîtrise et contrôle. D'où leur acceptation à la reprise de la médiation internationale par le diplomate algérien en vue d'une issue politique à cette crise. Faut-il encore que leur acceptation de sa médiation s'accompagne du renoncement des deux côtés à l'assortir de préalables et de conditions visant à faire triompher les objectifs qu'ils se sont assignés. Faute de quoi ils la condamnent irrémédiablement à l'échec car inévitablement les préalables des uns se heurteront au refus des autres. Les protagonistes syriens du conflit ne sont pas les réels détenteurs de la solution à leur conflit. Le régime de Damas comme la rébellion qui le combat sont sous influence et dépendance de leurs alliés étrangers internationaux et régionaux qui leur prodiguent soutiens et aides militaires diplomatiques et financiers. C'est à cette réalité que Kofi Annan s'est trouvé confronté et qui a été cause de son échec. Lakhdar Brahimi a donc en toute connaissance de cause fait savoir que la médiation qu'il va mener exige que la communauté internationale, sous-entendu les parties étrangères en capacité d'influer sur les protagonistes syriens, s'entende pour faire arrêter l'engrenage des violences en Syrie que commettent leurs protégés respectifs. Or tout en lui ayant prodigué des encouragements à engager sa médiation, les Occidentaux et les monarchies saoudienne et du Golfe n'ont pas changé leur discours qui est que l'unique solution à la crise syrienne à laquelle ils travaillent est celle de l'option militaire pour contraindre Bachar El-Assad à quitter le pouvoir. Façon donc de faire comprendre à Brahimi que c'est eux qui lui fixent sa feuille de route. Et raison donc de ne pas nourrir d'optimisme quant à ses chances de leur faire changer d'avis et d'option.