Lakhdar Brahimi, diplomate chevronné dont l'expertise est à nouveau sollicitée par l'ONU Le chevronné diplomate algérien, Lakhdar Brahimi, ancien ministre des Affaires étrangères et émissaire de l'ONU, à plusieurs reprises, est pressenti pour succéder à Kofi Annan. Va-t-il y avoir du nouveau dans le conflit qui mine la Syrie depuis plus de seize mois et fait craindre une déflagration pour toute la région du Moyen-Orient? C'est sans doute cette crainte de voir la situation en Syrie échapper à tout contrôle et après l'échec de l'émissaire de l'ONU, Kofi Annan, à trouver un consensus parmi les acteurs syriens et internationaux de la crise syrienne, qui font agir, dans l'urgence les Nations unies. En effet, selon des diplomates onusiens, qui s'exprimaient sous anonymat, jeudi, il y aurait de fortes probabilités de voir l'ancien et chevronné diplomate algérien, Lakhdar Brahimi, rappelé pour prendre la relève de l'ancien secrétaire général de l'ONU, Koffi Annan, qui n'a pu faire aboutir son plan de paix pour la Syrie. Ainsi, Lakhdar Brahimi, 78 ans, diplomate chevronné - qui traita plusieurs dossiers épineux, notamment celui du Liban contribuant au retour à la paix après 15 ans de guerre civile - aurait été pressenti pour reprendre la médiation dans la crise syrienne, ou terminer ce que Kofi Annan avait mis en chantier. En effet, face aux obstacles rencontrés, singulièrement de la part des grandes puissances, qu'il ne manqua d'ailleurs pas de déplorer, et ne lui permirent pas de mettre en application son plan de paix - notamment par leur exigence du départ du président syrien, Bachar Al Assad - M.Annan a finalement jeté l'éponge jeudi dernier de son poste d'Envoyé spécial de l'ONU en Syrie. Cela a ouvert la course à la recherche d'un remplaçant à M.Annan. C'est dans ce contexte que M.Brahimi, ancien de la Maison onusienne, se retrouve de nouveau au-devant de l'actualité. A en croire des diplomates de l'ONU qui s'exprimaient sous couvert de l'anonymat, des négociations seraient actuellement menées entre des responsables onusiens et M.Brahimi, qui affirment que cette désignation devrait être rendue publique en début de semaine. Ces mêmes sources indiquaient aussi: «C'est le choix du secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, et sa nomination sera annoncée s'il ne décide pas de renoncer entre-temps à ce poste». «S'il ne décide pas de renoncer à son poste» C'est en fait le point nodal de la problématique syrienne. Il est patent que M.Brahimi n'acceptera pas de jouer les faire-valoir, ou un poste qui mettra en balance sa probité intellectuelle et morale, dans une crise alimentée, sinon entretenue par des pays occidentaux et des monarchies du Golfe. D'ailleurs, mardi, le Premier ministre et chef de la diplomatie qatarie, a fait savoir que son pays n'acceptera pas un médiateur qui ne travaillera pas «au départ» d'Al Assad. Et ce n'est pas Lakhdar Brahim qui conduira une mission sous injonction, il l'a déjà montré en particulier en Afghanistan et en Irak, où il fit montre d'une grande indépendance vis-à-vis des parties en cause. En fait, le dossier syrien est très compliqué où des parties étrangères sont quasiment acteurs par le soutien financier et en armes de la rébellion dans la crise en Syrie. La crise syrienne est devenue un terrain marécageux où les manipulations tous azimuts ont brouillé la donne. C'est en tenant compte de ces paramètres que le diplomate algérien donnera sans doute sa réponse au secrétaire général de l'ONU. De fait, sans se prononcer sur son acceptation ou non de la mission que M.Ban veut lui confier, en remplacement de M.Annan, Lakhdar Brahimi a néanmoins appelé hier le Conseil de sécurité des Nations unies à s'unir. «Le Conseil de sécurité de l'ONU et les Etats de la région doivent s'unir pour permettre une transition politique dès que possible», a indiqué l'ancien ministre des Affaires étrangères algérien dans un communiqué commun du groupe des «Elders» (anciens, qui réunit des personnalités oeuvrant au règlement des conflits dans le monde). «Des millions de Syriens réclament la paix à grands cris. Les grandes puissances ne peuvent plus rester divisées et ignorer ainsi cette demande pressante», a-t-il ajouté. «Les Syriens doivent s'unir en tant que nation pour trouver une solution. C'est la seule manière de garantir que tous les Syriens pourront vivre ensemble en paix, dans une société fondée non pas sur la peur des représailles mais sur la tolérance», écrit encore M.Brahimi dans cette tribune des «Elders». Dans cette déclaration, M.Brahimi réitère surtout que c'est au peuple syrien de rester uni pour trouver une paix par lui-même, laquelle ne peut être octroyée de l'extérieur ou par des étrangers. On peut comprendre par là que le diplomate algérien refusera de travailler pour accentuer la division du peuple syrien, ou soutenir des Syriens contre d'autres Syriens. Ce qui pourrait être une indication sur la réponse que donnera Lakhdar Brahimi à Ban Ki-moon.