Les habitants des communes du centre de la wilaya de Tlemcen sont en colère. Depuis jeudi, des milliers de foyers sont privés d'eau issue de la station de dessalement d'eau de mer de Honaïne (50 kilomètres au nord de Tlemcen), située à côté de la plage de Tafessout. Une situation qu'un responsable de cette unité, Miyeh Bahr Honaïne, explique par une panne au niveau d'une armoire électrique de la station de Honaïne, qui assure, depuis le début du mois de juillet 2012, la distribution de près de 80.000 m3/j d'eau douce. A l'origine de cet incident, semble-t-il, un court-circuit provoqué par une coupure d'électricité qui a durement affecté les installations de dessalement d'eau de mer et de l'eau saumâtre (extraction du chlorure de sodium et autres minéraux). La distribution de l'eau a été totalement interrompue dans plusieurs communes, notamment Honaïne, Beni-Khellad, Remchi, Aïn-Youcef, Hennaya, Zenata, Tlemcen, Mansourah, Chetouane... Durant tout le week-end, l'Algérienne des eaux (ADE) de Tlemcen a été contrainte de recourir à quelques rééquilibrages d'eau, à partir des barrages de Sekkak, El-Mafrouch et Beni-Bahdel, pour assurer l'approvisionnement régulier des citoyens en eau potable et atténuer temporairement la tension que subissent les ménages. Au moment où nous mettons sous presse cet article, nous avons appris que la panne de l'armoire électrique a été rétablie. Il faut souligner que, depuis le début du mois de juillet 2012, date de la mise en service de cette station de dessalement d'eau de mer (deuxième station dont dispose la wilaya après celle de Souk Tleta), l'eau est disponible pratiquement 24 h/24 dans les villes de Remchi, Sebaa-Chioukh, Beni-Ouarsous et Aïn-Youcef, Hennaya, ainsi que dans les centres urbains de Tlemcen, Mansourah et Chetouane. Les habitants de ces localités qui ont longtemps souffert de la pénurie d'eau dans leurs robinets n'auront plus soif. En effet, hormis quelques perturbations de distribution d'eau potable dues aux coupures de courant qui ont été enregistrées, durant cet été, dans le centre-ville de Tlemcen, Sebaa Chioukh et Sebdou où un problème de cross-connexion (mélange d'eaux usées avec eaux potables) a privé les habitants de consommer l'eau du robinet durant quelques jours, à cause de la vétusté du réseau d'AEP qui date de l'époque coloniale, on peut dire, aujourd'hui, que le spectre de la pénurie d'eau qui menaçait la wilaya de Tlemcen a été indéniablement éloigné grâce à une politique d'investissements massifs dans ce secteur dont les fruits sont aujourd'hui palpables à travers aussi bien les nombreux projets réceptionnés de dimensions pharaoniques, que dans les effets sur la quotidienneté du citoyen qui en ressent tous les bienfaits. La période stress hydrique est bel et bien révolue pour les habitants de la wilaya de Tlemcen. Mais, si le pari est gagné aujourd'hui, il n'en demeure pas moins que l'eau est un bien qui risque d'être encore plus rare demain A noter que la station de dessalement de l'eau de mer de Honaïne, entamée en 2006 par le groupement espagnol Geida (composé des sociétés Cobra, Sadyt, Befesa and Codesa), a une capacité de 200.000 m3/j. Le montant de l'investissement est évalué à 250 millions de dollars. La station assurera l'eau potable dans 23 communes ainsi que les centres urbains du Grand-Tlemcen (Tlemcen, Mansourah et Chetouane), soit une population totale d'environ 555.000 habitants.