Lundi, aux environs de 19 heures, une petite foule déchaînée a subitement surgi de la cité de «Batimat Taliane», à Es-Seddikia, barrant la route et incendiant des pneus. A l'origine de cette action de protestation, l'opération de relogement des habitants de la dite cité dans un autre site à Bir El-Djir en vue de démanteler ces bâtiments construits en préfabriqué au début des années 1980. Le mouvement de contestation a perturbé l'ordre public, causant notamment d'énormes difficultés dans la circulation automobile dans ce carrefour à grand trafic, avant que les protestataires ne se dispersent près de trois quarts d'heure plus tard. Hier, la situation était normale, même s'il y avait visiblement de la tension dans l'air. Adossés au mur d'un bloc, un groupe de jeunes menaçaient de réinvestir la rue si les pouvoirs publics ne font pas marche arrière par rapport à leur plan de déménagement, tandis que d'autres, un peu plus âgés et plus mûrs, s'affairaient à préparer des banderoles pour exprimer leur refus de déménager vers «Haï Yasmine II». Curieusement, au même moment où survenait cette protestation, l'exécutif local, sous la présidence du wali, discutait dans l'hémicycle des derniers détails à mettre au point en perspective de l'opération de déménagement des habitants de la cité Khemisti, communément appelée «Batimat Taliane». Le chef de l'exécutif de wilaya instruisait, en effet, les chefs de daïra d'Oran, de Bir El-Djir pour coordonner leurs actions et combiner leurs moyens logistiques afin de faire réussir l'opération de déménagement, prévue pour dimanche prochain - au plus tard - selon ce qu'a annoncé le wali lors de cette réunion. Le wali ordonnait également aux responsables de l'OPGI, la DLEP, Sonelgaz, Seor, Algérie Telecom, entre autres, de prendre en charge ce qui reste à mettre en place dans la cité devant accueillir les 500 familles de «Batimat Taliane» afin que «ceux-ci n'aient besoin de rien une fois installés». Tout semblait aller dans la bonne voie avant que le mouvement de protestation ne survienne, posant du coup un gros point d'interrogation sur l'aboutissement de cette opération de relogement. Quelles sont les raisons de l'opposition des occupants de cette cité à leur relogement ? Il faut noter d'abord que cette population de 500 ménages est divisée là-dessus. Sans être en mesure de donner des proportions chiffrées, il y a lieu de constater qu'une partie des habitants est «pour» alors qu'une autre est «contre». Même ceux qui sont contre le relogement ne le sont pas pour les mêmes raisons. On évoque divers et multiples motifs pour justifier ce refus. Toutefois, le dominateur commun, pour ainsi dire, entre toutes les opinions hostiles au relogement, se résume en deux points essentiels. Premièrement, le choix de la cité fait par les autorités publiques pour reloger ces familles est fort contesté par les concernés. Il s'agit, selon eux, d'un îlot se trouvant à la cité «dortoir» de Haï Yasmine II, et dont les appartements sont beaucoup moins spacieux que ceux où ils vivent actuellement. «Nous les avons visités ce matin même, et je peux vous dire qu'un F4 de ces nouveaux appartements est plus étroit qu'un F3 de notre cité. De plus, il y a plusieurs choses qui manquent, à l'intérieur des appartements comme dans les blocs et dans l'entourage immédiat», déclare un père de famille. La majorité des occupants de cette cité sont des sinistrés provenant de la Pêcherie, Sidi El-Houari et la Calère, qui ont été «recasés» dans des tentes, en 1984, à cet endroit, avant d'être relogés dans des constructions en dur. Deuxièmement, les habitants contestataires font remarquer que pour, tant de cas, «il existe deux ou trois, voire quatre familles cohabitant au sein d'un même appartement» et, par conséquent, ils réclament autant de logements que de familles existantes.