Le groupe terroriste Aqmi a décidé de mettre la pression médiatique sur le gouvernement français en adressant à un média mauritanien une vidéo, présumée avoir été enregistrée le 29 août dernier. Quatre otages y disent leur lassitude et demandent à Francois Hollande et au groupe Areva de les libérer même si cela coûte un «prix fort». Le site mauritanien Sahara Media a diffusé, hier, une vidéo de quatre otages français détenus par Aqmi (Al-Qaïda pour le Maghreb islamique) qui aurait été enregistrée le 29 août dernier. Les otages, entourés par des hommes armés de kalachnikovs, en appellent au président François Hollande et au gouvernement français pour leur demander de s'entendre avec Aqmi et d'éviter de recourir aux moyens militaires pour essayer de les libérer. Ils mettent également la pression sur leur employeur, l'entreprise Areva, en rappelant qu'elle a failli au devoir de prendre les mesures nécessaires pour les protéger. Le groupe djihadiste met ainsi la pression sur les autorités françaises qui ont multiplié ces derniers temps un discours favorable à une intervention militaire au nord du Mali. Les quatre otages français sont détenus par Aqmi depuis près de deux ans. Le plus âgé d'entre eux, Daniel Laribbe, ancien cadre à Areva, qui exploite des mines d'uranium au nord du Niger, avait le discours le plus structuré. Il s'est d'abord adressé à sa famille pour regretter de n'avoir pu assister à l'anniversaire de sa mère (94 ans) et au 40e anniversaire de son mariage, avec Françoise, son épouse, qui avait été enlevée avec lui avant d'être libérée, probablement contre le versement d'une rançon. Daniel Laribbe demande à son épouse de prendre un avocat pour défendre leur cause. Daniel Laribbe a surtout interpellé l'entreprise Areva qui, a-t-il dit, «est pleinement responsable de ce qui est arrivé». UN PRIX FORT A PAYER «Il y a peut-être un prix fort à payer, mais ce prix fort est à la hauteur du manque de précautions préventives (...) qui n'ont pas été prises à Arlit pour nous protéger. Aussi, je demande à Areva d'intervenir activement pour obtenir notre libération», a-t-il ajouté. Pierre Legrand, le plus jeune des otages français, s'adresse à son entreprise, la Sogea Satom: «Est-ce que vous m'avez oublié ? 700 jours, c'est beaucoup trop Je vous demande de faire le maximum auprès d'Al-Qaïda pour que je sois libéré le plus rapidement possible et que je puisse retrouver ma famille». Un autre otage, Thierry Dole, à l'apparence fatiguée, a indiqué qu'il est sans médicaments depuis 63 jours et qu'il en est au 714e jour de détention au Sahara. «Je suis avec mes collègues, épuisé par ces deux ans de détention. Pourtant, Al-Qaïda fait des efforts pour nous tenir en vie ». Il demande aux familles «d'encourager les entreprises, le gouvernement et le président de la République à nous sortir d'ici. Cela fait bientôt deux ans. C'est le salarié qui va s'adresser à son employeur. Ca doit être une lourde charge que d'avoir trois salariés en détention. (...) S'il m'arrive un évènement dramatique, je demande au président de la République de ne pas faire d'attaque et de continuer la négociation.» Il lui demande ainsi qu'à son gouvernement d'aller «directement au but qui est de nous sortir de là .» Les choses «peuvent ne pas être faciles mais c'est le prix à payer». AVERTISSEMENT Pour rappel, ce sont en tout sept étrangers qui ont été enlevés le 16 septembre 2010, à Arlit, un site d'extraction d'uranium du nord du Niger. Outre Daniel Larribe, cadre du groupe nucléaire français Areva et son épouse Françoise, cinq autres employés (trois Français, un Togolais et un Malgache) de son sous-traitant Satom avaient été enlevés. L'épouse du cadre d'Areva et deux employés (le Togolais et le Malgache) ont été libérés le 27 avril 2010. Pour Aqmi, le prix à payer est de 90 millions d'euros. De quoi renflouer considérablement les caisses du mouvement terroriste. La diffusion de la vidéo est aussi une pression et avertissement pour le gouvernement français. Paris soutient fortement l'idée d'une intervention militaire étrangère (à laquelle la France apporterait un appui logistique) pour déloger les djihadistes (Ançar Eddine, Aqmi et Mujao) des villes du nord du Mali tombées entre leurs mains. Pour rappel, il reste également des otages algériens, tous membres du personnel du consulat de Gao, entre les mains du Mujao. Ce dernier a annoncé avoir assassiné Tahar Touati après l'expiration d'un ultimatum exigeant la libération de trois responsables d'Aqmi.