Les autorités locales passent à l'action pour le «nettoyage» des villes des marchés informels. Le processus d'éradication de ce fléau, qui gangrène l'ensemble du tissu urbain de la wilaya d'Oran, a été déclenché dimanche, a fait savoir le wali d'Oran Abdelmalek Boudiaf, lors d'un briefing de l'Exécutif tenu avant-hier, en fin d'après-midi. Première action entreprise dans ce cadre : une campagne de sensibilisation à travers tous les «points noirs» qui pullulent dans le territoire de la wilaya, assortie, le cas échéant, de mise en demeure à l'endroit des «squatteurs» de la voie publique, leur accordant un délai de 72 heures pour se mettre en conformité. En fait, l'ultimatum qui a été signifié aux contrevenants portait sur 48 heures, mais le chef de l'Exécutif a suggéré aux neuf chefs de daïra, en leur qualité de dirigeants des cellules intersectorielles installées au niveau des différentes circonscriptions, spécialement pour la mise en œuvre de l'opération d'éradication du marché informel, de décaler les contre-visites de contrôle d'une journée. Aujourd'hui donc, ou au plus tard demain matin, les commissions diligentées par les chefs de daïra, composées, entre autres, des responsables de la police ou de la gendarmerie (selon la compétence territoriale de ces corps de sécurité) et des subdivisionnaires du commerce, devront effectuer à nouveau des descentes dans les endroits ciblés pour vérifier sur place l'exécution des rappels à l'ordre déjà notifiés. Mais, cette fois-ci, au lieu et à la place des discours de sensibilisation et des avertissements verbaux, il y aura, annonce-t-on sur un ton ferme, «des procès-verbaux de contravention, voire d'infraction pénale, assortie de saisie séance tenante de marchandise et de matériel d'étalage». Le chef de l'Exécutif a insisté auprès des chefs de daïra sur la méthode privilégiant la prévention à la répression. «Il faut s'efforcer de convaincre le marchand qui occupe la rue d'entrer à l'intérieur du marché d'à-côté, celui qui étale sa marchandise sur le trottoir de se replier derrière le seuil de son local, celui qui a érigé une extension illicite, de quelque nature que ce soit, de la démanteler. Bref, je veux dans tous les cas qu'on priorise le préventif sur le répressif, la persuasion sur la force. Celle-ci doit intervenir en ultime recours», a expliqué Abdelmalek Boudiaf. Le chef de daïra d'Oran a été le premier à avoir dressé un point de situation sur la mise à exécution du dispositif de lutte contre les marchés noirs qui essaiment dans les quatre coins de la ville. De fait, il y a, sinon plus, autant de «points noirs» que de marchés couverts. Là où il y a marché municipal, il y a inévitablement prolifération d'étalages clandestins tout autour. C'est valable pour tous les secteurs urbains. Le pire, c'est que certains marchés couverts dédiés en principe exclusivement aux produits alimentaires, fruits et légumes compris, à l'instar de ceux de M'dina Djdida, Petit Lac, El-Hamri, pour ne citer que ceux-ci, sont devenus par la force des choses des souks à ciel ouvert où l'on vend toutes sortes de bric-à-brac. Pour le wali, ni le souk de Tahtata ni celui de la Bastille ne feront l'exception. «Pas deux poids deux mesures», a-t-il martelé. L'assainissement touchera bel et bien ces deux marchés, selon le wali. Il y a cependant quelques difficultés, et non des moindres, à mettre en route le mécanisme anti-informel pour certaines communes, et ce par manque, voire absence totale, de structures. Aïn El-Turck, cette ville très étendue géographiquement et dont la densité démographique est assez importante, ne dispose d'aucun marché au chef-lieu. Faute de quoi, le marché à ciel ouvert, digne d'un bazar grandeur nature, ne cesse d'engloutir des pans entiers du tissu urbain limitrophe. Ceci en attendant l'achèvement du chantier du marché municipal qui n'a que trop duré. C'est le cas, à un degré moindre, pour la localité de Hassi Bounif, daïra de Gdyel. Il y a lieu de noter que 30 nouveaux marchés ont été réalisés, dans le cadre de PCD, mais sont non encore totalement utilisés. Une «inexploitation» qui ne fait qu'accentuer le mal d'Oran en la matière. D'autre part, 31 marchés sont en cours de réhabilitation, et donc provisoirement à l'arrêt pour cause de travaux ; soit au total 61 marchés qui devront à terme atténuer un tant soit peu l'épineux problème du commerce informel à Oran.