La 20e session du congrès de l'Académie internationale islamique du fikh, organe officiel de l'Organisation de la coopération islamique (OIC), se tient depuis jeudi à Oran, et pour la première fois en Algérie et en Afrique, dans un contexte bien particulier, marqué par des manifestations de colère dans des pays arabes et musulmans contre la diffusion d'un film anti-islam sur le Prophète. Un événement que le mufti d'Al Azhar , Ali Djemaâ, et l'imam et mufti Akrama Saïd Sabri, présents à cette rencontre organisée au Centre des conventions d'Oran (CCO), ont condamné, jeudi, avec fermeté, considérant que le Prophète est au-dessus de toutes ces viles et basses provocations. Cheikh Ali Djemaâ a estimé qu'il s'agit «d'atteintes au Prophète qui n'ont aucun sens et le monde va dépasser ce genre de futilités». Il a aussi annoncé au CCO, «Nous allons poursuivre les auteurs de ce film en justice pour qu'ils servent de leçon aux autres». Le mufti de Jérusalem, cheikh Akrama Saïd Sabri, a déclaré, pour sa part, que «la position de l'académie est la même que celle de chacun de nous. Nous condamnons ces atteintes parce que le Prophète est au-dessus de toutes ces atteintes qui peuvent ternir son image. Les musulmans doivent exprimer leur colère pour Dieu et son prophète». Cheikh Akrama Saïd Sabri a souligné par ailleurs que «l'affaire de Jérusalem n'est pas propre aux habitants de cette ville mais à tous les musulmans. Le fait de laisser le peuple palestinien seul dans son combat contre l'ennemi est une trahison de la part des musulmans. La ville est aujourd'hui oubliée, délaissée à cause de la préoccupation du monde arabe par ses problèmes internes. C'est ce qui a ouvert le champs aux Israéliens de s'attaquer à la mosquée». Et le mufti d'ajouter: «La protection et la préservation de la mosquée et de la ville est de la responsabilité du monde musulman». Des positions et messages que les deux muftis ont exprimés lors de cette rencontre sur les évènements qui secouent actuellement le Moyen-Orient. En marge de cette situation de conflit que vivent certains pays arabes et musulmans, la rencontre de l'académie islamique du fikh, dont l'Algérie s'est proposée pour l'organisation de cette 20e session, s'est voulue un espace de réflexion sur certains problèmes de la communauté musulmane qui demande une jurisprudence de penseurs et religieux musulmans afin de s'adapter avec le monde. Un monde que le ministre des Affaires religieuses Bouabdellah Gholamallah a qualifié, lors de son intervention à l'ouverture de cette session, de «petit village électronique» et qui demande de la recherche et de la réflexion pour résoudre certains problèmes de l'heure d'ordre scientifique ou religieux contre lesquels bute le monde musulman. Pour le mufti d'Al Azhar, «Il est fondamental de combattre les fetwas erronées pouvant avoir des répercussions néfastes sur les musulmans et leur vie quotidienne». La prononciation des fetwas, selon cheikh Ali Djemâa, est du seul ressort des oulémas et les experts maîtrisant les préceptes justes et corrects de l'islam. Dans ce cadre, les participants à cette rencontre, une centaine entre hommes de culte et experts, venus des différents pays musulmans devront durant cinq jours débattre les 9 points à l'ordre du jour. Hier les discussions ont porté sur l'endettement et la situation de crise financière pour l'individu, un Etat ou une entreprise et les solutions proposées qui soient inspirées de la législation islamique pour sortir de la crise. Les intervenants sur cette question ont relevé l'ambiguïté qui risque d'exister entre l'endettement et la crise et demandé, à l'exemple du cheikh Wahba Az-Zouhili, de définir avec exactitude la crise et l'endettement et présenter dans les deux cas des preuves palpables. Il a plaidé par ailleurs pour la protection par une loi de l'endetté et rejeté le système actuel appliqué par certaines banques, l'achat et la vente des dettes. Les assurances ont été l'autre sujet qui devait être débattu dans l'après-midi d'hier. L'assurance, un acte interdit par la législation islamique ou toléré ? La question a été posée à des experts musulmans dans le domaine. Adel Babekr, conseiller à la Banque islamique de développement, a expliqué sur ce point que «l'assurance occidentale est interdite par l'académie. Ce qui est permis par contre est un nouveau concept de cette assurance basé sur la coopération. La première assurance musulmane a été créée au Soudan en 1997. Mais dans les pays où la législation islamique n'est pas appliquée, les compagnies d'assurance ont rencontré des difficultés sur le plan des produits à assurer et les services». Quant au docteur Hamed Abou Taleb, recteur de la faculté de la législation islamique en Egypte et membre du comité de recherches islamiques à Al Azhar, il a expliqué que «beaucoup de salafistes considèrent les assurances comme haram, interdit. Mais quelles sont les solutions actuellement en matière d'assurance pour les avions, les bateaux, les voitures, les incendies Sur cette base, les oulémas se sont réunis pour une jurisprudence sur cette question d'une importance capitale. Il a été donc décidé de mettre en application un nouveau système en conformité avec la législation islamique basé sur les dons des adhérents. En cas de sinistre, on puisera de ces dons pour indemniser l'assuré. Cheikh Hamed Abou Taleb a rappelé, d'autre part, que l'académie n'a pas le pouvoir d'obligation. Il s'agit d'une institution de référence qui présente des solutions pour des problèmes donnés. Le congrès se poursuit aujourd'hui avec deux thèmes importants, les chèques islamiques et les contrats de maintenance. Durant la journée de dimanche, les participants vont débattre des droits des prisonniers et la peine de mort dans la législation islamique.