C'est la «main de l'étranger» version officielle libyenne. Des «éléments venus d'Algérie et du Mali» seraient responsables de l'attaque contre le consulat de Benghazi affirme un officiel. Les Libyens n'y sont pour rien ! Trop facile dans un pays où les groupes, surarmés, grenouillent. Le nouveau pouvoir libyen, embarrassé par la violente attaque du 11 septembre qui a causé à Benghazi, la mort de l'ambassadeur Christopher Stevens et de trois autres fonctionnaires américains, s'est empressé de lancer des accusations contre les anciens partisans de Kadhafi et des éléments d'Al-Qaïda. L'association, plutôt incongrue, entre ces deux acteurs présumés, n'a pas convaincu grand monde. Les Etats-Unis ont choisi de privilégier la piste d'Al-Qaïda. Les responsables libyens qui n'ont pas été admonestés par l'administration américaine, ne parlent plus d'éléments pro-Kadhafi et se concentrent sur l'explication par Al-Qaïda et l'étranger. Ainsi, le président du parlement libyen, Mohammed al-Megaryef, a annoncé, hier, dans un entretien à la chaîne de télévision américaine «CBS News» qu'une cinquante de personnes ont été arrêtées à la suite de l'attaque contre le consulat américain de Benghazi. «Le nombre est d'environ 50", a déclaré Mohammed al-Megaryef. Selon lui, un «petit nombre» des assaillants étaient étrangers, entrés en Libye «par des endroits différents, certains avec certitude depuis le Mali et l'Algérie». «Les autres leurs sont associés et sont peut-être des complices», a-t-il ajouté. Selon lui, l'assaut «était planifié, c'est certain, par des étrangers, par des gens entrés dans le pays, il y a plusieurs mois. Et ils prévoyaient cette attaque criminelle depuis leur arrivée». Le président du parlement libyen surfe sur une déclaration, ambiguë, d'Al-Qaïda affirmant que l'attentat contre le consulat des Etats-Unis avait été motivé, non seulement par ce film, mais aussi par la mort du numéro deux de la nébuleuse islamiste, Abou Yahya al-Libi, tué en juin, dans une attaque américaine au Pakistan. Pourtant, on peut présumer, sans faire dans l'excès, que le Libyen Abou Yahia a pu être «vengé» par des groupes libyens DES ELEMENTS INFILTRES DANS LE GOUVERNEMENT Des journaux américains ont rapporté que l'attaque contre le consulat de Benghazi a été le fait d'une attaque planifiée qui a exploité une manifestation spontanée. Ils faisaient surtout état de la possibilité que ceux qui ont attaqué le consulat aient reçu un soutien de la part d'éléments anti-américains infiltrés au sein du gouvernement libyen. Ces accusations qui semblent éclairer un peu l'empressement du responsable libyen à chercher des éléments venus de l'étranger, du Mali et d'Algérie. Même si cela ne semble pas totalement exclu, on peut présumer que ces éléments ont suffisamment à faire au nord Mali et que si action terroriste, il y a, elle a été plus sûrement conçue, planifiée et exécutée en Libye. L'état d'insécurité qui règne dans le pays, la disponibilité des armes, l'incapacité de l'autorité centrale à s'imposer face aux milices, sont des réalités «libyennes» qui dispensent de chercher des explications «externes». De manière factuelle, il faut rappeler qu'une attaque a déjà ciblé, en juin, la mission diplomatique américaine à Benghazi et que des actions ont ciblé des représentants étrangers. Si la «Katiba Ansar al-Charia» (Brigade des partisans de la Charia) a démenti toute responsabilité dans l'attaque contre le consulat, de nombreux groupes agissent en Libye et sont très bien armés. La mise en cause d'éléments étrangers venus du Mali et d'Algérie est en attente de preuve Jusqu'à preuve du contraire, c'est un simple discours politique de la part du responsable libyen. D'autant que le Mali, au moins, peut dire sans hésitation, que ses problèmes graves lui sont venus de Libye !
