La «seule façon de régler le problème» du nord du Mali est «militaire». Ce discours martial est celui du secrétaire général de la francophonie, l'ancien président sénégalais Abdou Diouf. Dans la foulée du Premier ministre malien, Cheikh Modibo Diarra, qui demande une intervention militaire des Occidentaux, Abdou Diouf affirme que le problème ne «peut être laissé entre les mains du Mali et de la Cédéao». Il veut des «troupes étrangères» car, dit-il, «il faut être sérieux». Sauf que l'Otan, les Français, les Allemands et les Américains se disent tous prêts à «aider» mais pas à envoyer des troupes. Cela donne d'ailleurs une curieuse cacophonie. Le chef de l'Africom estime qu'il faut faire de la politique et essayer de séparer entre les terroristes et les rebelles targuis à qui l'on consent une certaine légitimité. L'Otan, selon son secrétaire général, Anders Fogh Rasmussen, «n'a pas l'intention d'intervenir au Mali» mais elle suit «la situation avec attention», a-t-il ajouté. PAS D'INTERVENTION MILITAIRE DE COMBAT Discours pratiquement identique de la France et de l'Allemagne prêts à apporter un soutien logistique à une éventuelle mission africaine au Nord-Mali, mais qui n'enverront pas de troupes sur le terrain. «Nous allons expertiser entre Français et Allemands, mais aussi au sein de l'Union européenne, la manière dont nous pourrions soutenir la logistique et la formation, l'accompagnement d'une initiative qui serait prise par les Africains au Mali», a déclaré le ministre français de la Défense Jean-Yves Le Drian. Le chef de la diplomatie allemande, Guido Westerwelle, s'est empressé de préciser qu'aucun «ne songe à une intervention militaire de combat». Que pensent les Américains ? Qu'une intervention armée «bien préparée» menée par des pays africains sera à un moment ou un autre nécessaire. WASHINGTON : POUR UNE ACTION MILITAIRE «BIEN PREPAREE» Le responsable de l'Afrique au département d'Etat, Johnnie Carson, a estimé, hier, qu'il «devra y avoir à un certain moment une action militaire» contre les djihadistes d'Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) installés dans le nord du Mali. Les mots ayant un sens, l'expression «bien préparée», laisse entendre que les choses ne doivent pas s'emballer. Et surtout, le diplomate américain insiste sur le fait que l'armée malienne doit être le principal acteur de la reconquête. Il faut qu'un éventuel déploiement de troupes de la Communauté des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao), sous l'égide de l'ONU, soit «conduit par l'armée malienne, avec le soutien de tous les Etats de la région, comme la Mauritanie et l'Algérie». Le diplomate américain connaissant parfaitement les réserves exprimées par l'Algérie et la Mauritanie au sujet d'une implication dans une telle intervention, cette exigence ou ce souhait sera difficile à atteindre. «Toute action militaire là-bas devra être bien préparée, bien organisée, bien pourvue, bien pensée et agréée par ceux (les pays) qui seront directement concernés», a souligné M. Carson. Il suffit d'observer la situation et les positions des pays de la région pour constater que les conditions édictées ou souhaitées par M. Carson sont très loin d'être réunies. On peut relever qu'entre les Américains et les Français, il y a plus que des nuances. Les Etats-Unis semblent davantage freiner les ardeurs des Français qui poussent les pays de la Cédéao à l'action alors que leur capacité militaire laisse plus que sceptique. Les deux semblent se rejoindre dans une volonté d'impliquer tous les pays de la région, y compris, voire surtout l'Algérie, laquelle refuse les incitations amicales ou les pressions qui le sont beaucoup moins.