L'Algérie devra débloquer plus de 300 milliards de dinars pour mettre en place le dispositif de lutte et de protection contre les débordements d'eaux au profit de 600 communes à risques, recensées dernièrement par un comité comprenant différents ministères et l'Agence spatiale algérienne (ASA). C'est l'annonce, faite hier par Ahcène Aït Amara, directeur de l'assainissement et de la protection de l'environnement au ministère des Ressources en eau, sur les ondes de la radio algérienne en affirmant que les pouvoirs publics sont déterminés à mettre tout en œuvre pour protéger les habitants contre les crues: «La vie n'a pas de prix et la prévention contre les inondations est aujourd'hui une priorité nationale», a répété plusieurs fois l'invité de la chaîne trois. Sur les actions prioritaires prises pour empêcher la réédition des drames d'El Tarf (trois pertes humaines avaient été déplorées lors des inondations de février dernier) ou de Ghardaïa (une trentaine de morts en 2008), Ahcène Aït Amara a répondu que des opérations de sécurisation ont déjà été réalisées ou sont en cours d'achèvement : «Outre la construction d'un canal de 05 kilomètres de long et le lancement d'une étude d'aménagement de Oued Mafragh (l'un des deux oueds qui avaient débordé en février à Tarf, Ndr), il est question de la réalisation d'un premier barrage écrêteur de crues à Boukhroufa et deux autres barrages. Ce qui devrait régler de manière définitive la problématique des inondations» a-t-il annoncé en indiquant que le même projet est retenu pour oued Tabia, dans la wilaya de Sidi Bel-Abbès, sujette aux fréquents débordements de l'oued Mekerra. Les bassins écrêteurs de crues sont des barrages vides destinés à stocker des volumes d'eaux importants lors de fortes crues; en l'occurrence, ceux d'El Tarf et de Sidi Bel Abbès devraient, le cas échéant, permettre les rétentions respectives de 30 à 40 millions de mètres cubes et de 20 millions de m3. En outre, des travaux d'endiguement des berges, d'aménagement des oueds, d'évacuation de type d'obstructions d'écoulement et de stabilisation des berges sont en cours de réalisation dans toutes les wilayas qui ont eu à subir les inondations cette dernière décennie. Ceci étant, le responsable assure que dans l'état actuel des choses, à quelques semaines de l'hiver, les villes de Ghardaïa, Sidi Bel-Abbès et Béchar sont «définitivement sécurisées» grâce au renforcement des digues de la vallée du M'zab et les travaux d'aménagement de oued Mekerra et oued Béchar. Ahcène Aït Amara a, par ailleurs, reconnu la nécessité impérative de mettre à jour les études menées jusque-là autour des zones inondables afin d'élaborer une carte plus conforme à la réalité et permettant d'adapter la stratégie de lutte contre les inondations et de protection des villes. Nettement plus embarrassé par les questions relatives au respect des plans d'aménagement du territoire et de l'agression des domaines publics hydrauliques, y compris par les administrations publiques, le responsable ministériel s'est contenté de préciser que la police des Eaux avait établi divers constats et engagé des poursuites et des sanctions contre les contrevenants. Les administrations sont-elles concernées par d'éventuelles mesures de délocalisation ? Ahcène Aït Amara a estimé que la question relève des pouvoirs publics «walis et chefs de daïra qui doivent assumer leurs responsabilités», préférant souligner les risques encourus par les personnes concernées en cas d'inondations. En revanche, il a loué tout le travail mené à l'embouchure de la baie d'Alger pour protéger le centre-ville contre les inondations de l' oued El Harrach: «Plus de 38 milliards sont mobilisés pour régler le problème des inondations, de la pollution et des odeurs, a-t-il rappelé, en promettant que dans un peu moins de deux ans, toute la physionomie de la capitale allait changer