Avec les perturbations que connaît la région Ouest du pays relatives au carburant, la situation empire plus qu'ailleurs dans la région extrême Ouest et plus particulièrement à Maghnia. Déjà que pendant les livraisons régulières, la situation n'était guère reluisante à cause du commerce illicite transfrontalier du carburant, maintenant que le quota est descendu, selon des gérants de stations-service, en deçà de la moitié de celui initial, l'automobiliste frontalier est contraint de limiter ses déplacements pour repousser au maximum le besoin de s'aventurer pour un « plein ». Il est confronté à une réelle aventure, voire une expédition à chaque fois qu'il est contraint de s'alimenter en ce précieux liquide. Comme, localement, les 6 stations-service sont envahies par les classiques véhicules aux réservoirs à grande contenance des hallaba tels les Mercedes, R25, R21, 505, Camions, Semi-remorques (apparemment leur nombre dans cette petite région extrême Ouest dépasse de loin celui de tout le reste du pays) et même les bus, le carburant est « sifflé » aussitôt livré. L'honnête automobiliste, instinctivement, tend à s'éloigner le plus possible de la région frontalière pour une probable disponibilité, la plupart du temps en vain. A chaque fois qu'une station d'une quelconque région enclavée est « découverte », elle est rapidement envahie, ce qui pousse les automobilistes à prospecter ailleurs et encore plus loin. Ainsi, dans un premier temps, le déplacement se faisait dans les environs du chef-lieu de wilaya, puis à Beni saf dans la wilaya d'Aïn Temouchent pour se faire actuellement jusqu'à Bousfer dans la daïra d'Aïn El Turk ! c'est dire que le citoyen maghnaoui endure cette crise, dont les causes restent encore très vagues, plus que celui de l'intérieur du pays. Les explications fournies, relatives à cette crise que subit cette partie du pays, restent très évasives. Si le directeur général de la Sonatrach avance la maintenance du port de Skikda, ce qui ne permet pas aux bateaux d'accoster et donc la difficulté de l'approvisionnement, d'autres responsables parlent de la maintenance de la raffinerie d'Arzew, à l'origine de la pénurie en gasoil Pour la plus nantie des stations-service de la région de Maghnia, en l'occurrence la station Naftal, elle est alimentée à raison d'une citerne par jour (contre 2,5 en moyenne avant la crise), soit 27.000 litres (6.000 l d'essence super, 7.000 l d'essence normale, 14. 000 l de gasoil). Quand on sait qu'elle sert, en plus des centaines de « hallaba » qui ne se contentent pas d'un seul plein, 450 bus et 500 taxis, l'on devine le climat qui y règne et qui n'est pas pour faciliter le travail à l'équipe de la station. Des disputes deviennent courantes et les agressions contre les pompistes se multiplient (2 plaintes ont été déjà déposées auprès de la justice pour coups et blessures subis par les pompistes). L'application de la décision du wali qui limite la quantité du carburant servie pour chaque automobiliste à l'équivalent de 600 DA, si elle vise à optimiser la quantité livrée, elle est pour beaucoup dans ces altercations entre « hallaba » et pompistes pour des raisons évidentes. Dans les autres pompes qui ne sont pas toutes alimentées quotidiennement, le spectacle est tout aussi violent à chaque arrivage. La pénurie de carburant, qui sévit dans la région voilà plus de 20 années, a engendré le phénomène de la vente clandestine dans les maisons situées dans des quartiers populeux. Ainsi, des dizaines de dépôts-ventes (pas aussi clandestins que çà, car activant au vu et au su de tout le monde), ont été créés et auprès desquels s'alimente une frange d'automobilistes, laquelle préfère payer le prix fort que de sillonner les routes ou se « taper » des chaînes interminables. Avec la situation du carburant qui a empiré ces derniers temps, le prix du bidon de 5 litres d'essence est payé actuellement au niveau de ces dépôts clandestins à 250 DA, alors que son prix officiel dans la station-service est environ de 110 DA. C'est dire que la pénurie a toujours profité aux plus irréguliers. C'est le cas également pour les « hallaba » qui ont vu leur marge s'améliorer avec cette crise. Ainsi, avec la faible offre, le prix du litre dans la région Est du Maroc a grimpé, au point où le gain soutiré par les hallaba a atteint 3.000 DA par « plein » d'essence, alors qu'il est d'à peine 1.000 DA durant les périodes fastes avant la crise.