A Agadir, les 48 pays chargés de gérer la pêche des thonidés se réunissent du 12 au 19 novembre, pour décider des prochains quotas de pêche de thon rouge. Les stocks en voie de rétablissement poussent les organisations de pêcheurs à demander une augmentation des quotas. Les experts appellent à la prudence. Pour la délégation algérienne, le voyage à Agadir est presque proustien : allez à la recherche du thon perdu ! On s'attend à des négociations âpres voire à des «bagarres» pour l'acquisition de nouveaux quotas de pêche au thon rouge, très prisés par les amateurs de sushis. Ce sont surtout les organisations de pêcheurs qui veulent pousser la Cicta (Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique) à augmenter le quota de pêche pour 2013 après deux années de restrictions. Pour la délégation algérienne, l'enjeu est de récupérer le quota, qui lui a été retiré aux trois-quarts en 2010 et avait suscité une vive polémique dans la presse algérienne. Une forte délégation ministérielle algérienne est présente à Agadir (Maroc) à la réunion de la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (Cicta) pour arracher ce rétablissement du quota amoindri. Mais au-delà du cas «spécifique» algérien, les enjeux des travaux portent essentiellement sur une éventuelle répartition de nouveaux quotas de pêche pour 2013, éventuellement, entre les pays membres. L'Algérie, qui s'était vue «amincir» drastiquement son quota de pêche au thon en 2010, est décidée, selon des sources au ministère de la pêche et des ressources halieutiques, à «reprendre son quota». «Il y a une forte délégation représentant le ministère à cette réunion», a précisé la même source à maghrebemergent.info, ajoutant que «nous sommes décidés à récupérer notre quota». PERDU AUX TROIS QUARTS ! En 2010 lors de la réunion annuelle de la Cicta à Paris, la commission avait diminué de plus de moitié le quota qu'elle attribue annuellement à l'Algérie. De 680 tonnes, le quota de l'Algérie a été réduit à 138 tonnes. Les trois-quarts du quota algérien ont été redistribués entre la Libye, l'Egypte, le Maroc et la Croatie. A l'époque, le fait avait fait scandale, les experts et professionnels de la pêche accusant le ministère de n'avoir rien fait pour récupérer ce qui revient de droit à l'Algérie. Dans un premier temps, le ministre algérien avait regimbé, en annonçant que l'Algérie a introduit un recours pour récupérer son quota de pêche au thon. Il a fini par se rétracter et adopter un profil. C'est que de manière prosaïque, les thoniers algériens n'étaient pas en mesure de pêcher le quota attribué à l'Algérie. L'ex-ministre Abdallah M. Khanafou avait fini par reconnaitre que «même si la l'Algérie obtient gain de cause, elle n'aura pas son quota pour 2011, parce que nous ne sommes pas prêts pour pêcher le thon rouge». CETTE ANNEE SERA LA BONNE Cette année, l'équipe d'experts du ministère est sur place. Elle va négocier la récupération totale du quota de thon rouge de l'Algérie, c'est à dire les 680 tonnes, selon la même source au ministère. «Nous avons depuis deux ans fait des efforts colossaux pour convaincre la commission de nous restituer notre quota de thon rouge», a précisé cette source, qui a ajouté que «nous allons négocier pour reprendre notre quota». On attendra la suite pour voir si les arguments de l'Algérie ont eu de l'effet. Les pays membres vont du Cicta vont surtout essayer d'augmenter les quotas. C'est que le comité scientifique de la Cicta (Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique) a déjà indiqué début octobre que les stocks étaient en voie de rétablissement. Mais les scientifiques restent prudents en exprimant de fortes réserves sur la «la vitesse et l'ampleur de cette hausse». La hausse des quotas n'est donc pas assurée. Les experts du la Commission penchent plutôt pour une reconduction des restrictions pour renforcer cette tendance à l'amélioration des stocks. Le comité scientifique de la Cicta recommande ainsi le maintien des quotas actuels: 12.900 tonnes pour la Méditerranée et 1.750 tonnes pour l'Atlantique ouest. En 2008, le quota était encore de 28.500 tonnes, puis est passé à 22.000 tonnes en 2009, à 13.500 tonnes l'année suivante, avant de descendre à 12.900 tonnes en 2011 et 2012.