Axée essentiellement sur la pêche et l'agriculture, la stratégie de l'Agence coréenne de coopération internationale - KOICA - en Algérie s'ouvre sur le secteur des TIC. Après l'élaboration du Master Plan du Cyber Parc Sidi Abdellah, et la formation de cadres du ministère des PTIC, c'est au tour du projet CATICTA, de formation aux TIC, qui sera lancé en 2013. M. Gyong Shik Chon, représentant résident de KOICA Algérie, nous en dit davantage. Quels sont les projets de coopération lancés par la KOICA en Algérie ? Gyong Shik Chon : Il y a trois volets de coopération entre la KOICA et l'Algérie. Nous avons commencé par les secteurs de l'agriculture, la pêche, et les technologies de l'information et de la communication (TIC). L'Algérie dispose d'assez de moyens financiers pour la construction d'infrastructures, nous nous sommes donc concentrés essentiellement sur la formation dans les trois domaines susmentionnés. En matière de pêche et d'agriculture, notre action est orientée vers le transfert de technologie, à travers la formation notamment dans les techniques de production de semences et de crevetticulture. Dans le domaine des TIC, il y a aussi la formation et le projet du Centre Africain des Technologies de l'Information et de la Communication et des Technologies Avancées (CATICTA). KOICA assure-t-elle la formation dans les TIC ou dans la gestion de projets des TIC ? Il y a un programme de formation au profit de cadres du ministère de la Poste, des Technologies de l'information et de la communication (MPTIC) et d'Algérie Télécom. Ils sont en formation en Corée pour s'imprégner de la gestion de projets et de la mise en œuvre de politiques de développement dans le secteur des TIC. Avant eux, s'était déroulée du 18 octobre au 3 novembre, une formation sur la « Technologie de radiodiffusion numérique » pour 16 participants ingénieurs algériens spécialisés dans la radiodiffusion. Nous essayons de partager notre expérience qui a permis à la Corée de devenir un pays développé sans disposer de ressources naturelles mais en orientant sa stratégie sur les ressources humaines. Dans ces formations, nous allons focaliser sur le renforcement des capacités à manager des projets. Quel a été le rôle de l'Etat coréen pour développer l'innovation, en particulier dans les TIC ? Je tiens à préciser que la KOICA est une Agence de coopération internationale. Je ne suis donc pas habilité à parler au nom du gouvernement. Cependant, ce que je peux dire, c'est que le gouvernement Coréen dispose d'un ministère des TIC, mais aussi d'un système d'incubateurs pour encourager le développement des technologies sans fil. Chaque année, beaucoup d'argent est consacré à la création de Petites et Moyennes Entreprises (PME) dans ce secteur. En ce moment, la politique du gouvernement Coréen se concentre sur l'encouragement et le financement de la création de très petites entreprises, d'un seul employé, pour la production d'applications (logiciels) dans différents domaines. Il y a aussi en Corée des universités spécialisées dans les domaines des TIC dont les étudiants lancent des projets innovateurs au sein même d'entreprises du secteur, et pouvoir ainsi êtres recrutés par ces mêmes sociétés. Qu'en est-il du financement des écoles de TIC ? Le résultat de la politique d'éducation et de formation en Corée apparaît dans les entreprises. En retour, les compagnies financent les écoles de TIC. Je pense qu'une telle démarche pourra fonctionner en Algérie, lorsque le projet CATICTA sera fonctionnel. Pouvez-vous nous donner de plus amples détails sur le projet CATICTA ? Où sera-t-il construit ? Le projet de CATICA a été décidé dès 2006 lors de la visite du président Coréen en Algérie. Il a été convenu après que la KOICA va fournir 12 millions de dollars pour le financement de ce projet de 2013 à 2018. L'apport de la Corée se fera essentiellement dans le domaine de l'expertise, le volet pédagogique, l'élaboration et le suivi de projets pilotes. La participation algérienne est beaucoup plus élevée puisqu'elle se chargera de la partie construction du siège de CATICTA qui sera situé à la nouvelle ville de Sidi Abdallah. Les responsables de ce projet, côté algérien et coréen, sont entrain d'élaborer un plan final de mise en œuvre. Plusieurs visites d'expertise auront lieu l'année prochaine. Notre vis-à-vis algérien pour ce projet est le ministère de l'Environnement et de l'Aménagement du territoire. Avant même le démarrage du projet, la KOICA va envoyer des experts en Algérie pour la formation des enseignants et des étudiants. Vous verrez que dans quatre ou cinq ans, il y aura un grand institut (CATICTA, ndlr) de formation dans les technologies de pointe. Existe-t-il une coopération entre les universités algériennes et coréennes ? Nous n'avons pas reçu de requêtes de coopération dans le domaine universitaire de la part du ministère algérien des Affaires étrangères (MAE) qui est le vis-à-vis de la KOICA pour l'ensemble des activités de l'Agence ici en Algérie. Si un établissement universitaire algérien souhaite une collaboration avec une université coréenne, il doit d'abord s'adresser aux MAE algérien avec qui nous étudierons la demande. Qu'en est-il de la mise en contact de compagnies algériennes et coréennes spécialisées dans les TIC ? Les ressources de la KOICA ne peuvent êtres utilisées que dans le cadre des relations entre gouvernements. La KOICA ne prend pas en charge le volet des relations entre les entreprises économiques. Cet aspect est géré par la Korea Trade-Investment Promotion Agency (KOTRA) qui dispose d'un bureau en Algérie. Le rôle de la KOICA, qui est une agence gouvernementale qui travaille avec l'argent du contribuable coréen, n'est pas de réaliser des bénéfices, mais de concrétiser le transfert de technologie et de savoir faire, notamment en matière de gestion de projets, vers les pays qui expriment le besoin. Notre rôle c'est de donner l'exemple au secteur privé de développer des projets comme ceux que nous avons réalisés jusque-là en matière de production de semences de pomme de terre à Tiaret (1,8 million de dollar) et de crevetticulture à Skikda. Un autre projet de crevetticulture est en phase de construction à Ouargla (6 millions de dollars). En dehors du CATICTA, quels sont les prochains projets de l'Agence KOICA pour 2013 et 2014 ? Pour 2013, il s'agit de continuer à travailler sur les projets déjà en œuvre. Le plus important reste le démarrage du CATICTA. Mais pour 2014, nous avons déjà envoyé au MAE algérien pour leur demander de nous faire parvenir leurs propositions de projets, pour pouvoir les discuter au début 2013. Nous allons également former 75 cadres algériens en Corée. Nous voulons également discuter avec le MAE pour que l'Algérie exprime ses besoins pour que des volontaires coréens, spécialisés dans différents domaines, puissent venir aider ici. Il faut un accord précis pour cela. Peut-être que d'ici l'année prochaine nous arriverons à ramener une vingtaine de bénévoles qui auront un rôle de formateurs dans les instituts ou les universités, ou bien un rôle de consultants au sein de l'administration.