La grève de trois jours des paramédicaux qui paralyse les établissements sanitaires du pays depuis hier a été suivie à hauteur de 90%, selon Lounès Ghachi, le secrétaire général du Syndicat algérien des paramédicaux, le SAP. Contacté au téléphone par le Quotidien d'Oran, il affirme que l'adhésion au débrayage a été générale tout en assurant le service minimum, obligatoire du reste, au sein de certains services névralgiques comme les urgences, la réanimation ou au niveau des admissions. «On ne discute pas sur le service minimum», dira-t-il comme pour rassurer les malades. Du côté de la tutelle, c'est le silence radio complet jusqu'à hier, ce qui pousse le SAP à maintenir ses trois jours de grève tout en inscrivant le mouvement de protestation dans la durée. «On va tenir à la mi-janvier un conseil national pour évaluer ces trois jours d'arrêt de travail et corriger les erreurs qu'on aura décelées», déclarera M. Ghachi, ajoutant qu'une grève cyclique de trois jours par semaine sera envisageable si le ministre de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière persistait à ignorer les revendications des 100 mille paramédicaux salariés des 300 hôpitaux généraux, 14 centres hospitalo-universitaires (CHU) et 1.200 polycliniques que compte le pays. En octobre dernier, le conseil national du SAP avait menacé d'observer un mouvement de grève le 15 octobre prochain pour faire valoir ses revendications socioprofessionnelles. Le SAP dénonce entre autres le retard enregistré dans l'application du nouveau statut particulier des paramédicaux, la situation socioprofessionnelle qualifiée de «désastreuse», les conditions de travail de la corporation paramédicale et toutes les revendications restées en suspens. A travers ces mouvements de protestation, le syndicat appelle la tutelle à ouvrir les portes d'un «dialogue sérieux et serein» pour essayer de trouver des solutions à leurs problèmes. Le SAP revendique également la généralisation de la prime de contagion à tous les paramédicaux et sans cumul avec la prime d'intéressement. Les syndicalistes dénoncent aussi le non-respect de l'application des dispositions statutaires régissant l'intégration des infirmiers brevetés alors que quelque 20 mille infirmiers diplômés à l'échelle nationale attendent toujours leur intégration. Le syndicat a également déploré l'absence d'un dispositif réglementaire garantissant la progression des carrières. En avril 2011, le SAP avait décidé de suspendre son mouvement de grève après que la tutelle eut accepté sa plateforme de revendications. Djamel Ould Abbas, alors ministre de la Santé, indiquait que son département a entièrement pris en charge les revendications «légitimes» du syndicat, notamment celle relative au statut particulier. Toutes les doléances des paramédicaux «se trouvent dans ce nouveau statut et six décrets relatifs à cette catégorie avaient été signés dernièrement par le gouvernement», a assuré le ministre dans une déclaration à la presse, à l'issue d'une rencontre avec les représentants de ce syndicat autonome. Ces textes ont trait à la formation paramédicale dans le système LMD (licence-master-doctorat) dans les instituts supérieurs de formation paramédicale, au statut des paramédicaux, à la classification à la catégorie 11, au statut des sages-femmes et à celui des biologistes. S'agissant du régime indemnitaire des paramédicaux, il a annoncé qu'une commission mixte allait étudier ce régime avant de le soumettre à la Fonction publique. Quant à la revendication liée aux brevetés, M. Ould Abbas a souligné qu'elle allait être prise en charge dans le cadre de la loi des finances complémentaire 2011 et de la loi de finances 2012. La grève du SAP avait été lancée en février dernier dans le secteur public, et a été aussitôt déclarée «illégale» par la justice. Plus d'une année plus tard, rien ne semble avoir été réglé.