Les ministres des Affaires étrangères de l'Union du Maghreb arabe se réunissent demain à Rabat. Plus par routine d'une machinerie bureaucratique que l'on maintient comme une pâle promesse que par conviction. Dans l'ordre du jour annoncé avec une langue très administrative dans le communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères, la seule chose « concrète» se rapporte au budget du secrétariat de l'UMA. L'Union du Maghreb n'ayant aucune âme politique, l'entretien d'une structure bureaucratique fait figure de compensation et d'alibi. Cette structure bureaucratique est ce qui reste du projet maghrébin et même ceux qui sont très critiques ne souhaitent pas sa disparition. Ce n'est pas la structure qui est en cause mais l'absence d'une volonté politique qui lui donnerait un rôle dynamique de fédérateur des intérêts et de créateur des synergies. Gardons donc l'UMA comme un vague signe d'espoir maghrébin ou, de manière plus prosaïque, pour ne pas condamner l'avenir. Mais observons qu'on n'est pas en train de le construire. Les responsables maghrébins ne nous feront pas le plaisir de nous surprendre, ils ne cherchent même pas à faire illusion. Dans le meilleur des cas, on a des réponses de Normand comme l'amusante affirmation algérienne que les frontières n'ont pas vocation à être éternellement fermées. Quelques-uns aiment spéculer sur ce que cela veut dire ou sur les présumés espoirs que le propos ouvrirait. Mais une frontière fermée depuis 19 ans, c'est déjà très long et chaque jour qui passe sans son ouverture pèse comme une éternité ! Mais en général il n'y a même pas des réponses évasives destinées à entretenir un vague espoir. Il y a plutôt des messages nets et catégoriques en faveur du statuquo. Cela se traduit le plus souvent par des échanges vindicatifs par presse interposée. Ces derniers temps, la presse du Makhzen en a rajouté avec une manipulation d'une info sur l'installation d'une force spéciale US en Espagne. La nouvelle qui devrait inquiéter l'ensemble des pays maghrébins a été détournée dans une sorte de souhait morbide et puéril comme ciblant l'Algérie en particulier. Le secrétaire général du parti de l'Istiqlal, Hamid Chabat, a fait beaucoup mieux, le 1er mai, en ramenant les choses pratiquement au temps de la «guerre des sables» en réclamant, rien que ça, Tindouf, Béchar, Hassi Baida et Kenadsa. C'est tellement grotesque que même Hamid Chabat s'est empressé de jouer au schizophrène en déclarant qu'il s'est exprimé en tant que parti et non en tant que composante du gouvernement marocain. Cela relève, à tout le moins, d'un infantilisme puéril, de la bravade ridicule. Il s'est attiré une réponse vive de Amar Belani, porte-parole des Affaires étrangères, qui a rappelé qu'une convention a été signée entre les deux pays et que les frontières ont été établies et des cartes enregistrées auprès de l'Onu. Bref, rien ne surprend à la veille de la rencontre ministérielle de Rabat. Les tirs de barrage et les propos vindicatifs précèdent la réunion où des ministres vont redire rituellement leur «foi» dans le Maghreb. Ce sera un «rabat» pour rien ! Le 18 février 2014, il y aura exactement un quart de siècle que l'UMA existe, avec l'âge présumé d'une jeunesse pleine de vigueur, tendue vers l'avenir. Mais une structure bureaucratique sans vie et préservée vaille que vaille n'est pas un projet, ni une construction. Il n'y aura, à moins d'un mouvement inattendu et puissant des sociétés, rien à fêter pour cet anniversaire.