Les producteurs de pomme de terre de la wilaya de Tiaret lancent un véritable SOS pour trouver preneur à leur récolte de pomme de terre, avec à ce jour des tonnes qui se retrouvent dans «la nature». En effet, les producteurs de ce tubercule, installés dans les champs tout autour du barrage de Dahmouni exclusivement dédié à l'irrigation de larges périmètres agricoles, se retrouvent avec près d'un million de quintaux de pommes de terre sur les bras, ne sachant quoi faire pour éviter qu'elle ne se dégrade sous l'effet conjugué de la chaleur et du manque criard de chambres froides. Selon l'un des représentant de la filière, qui s'est rendu, hier mardi, au bureau du «Quotidien d'Oran» à Tiaret, les agriculteurs, paniqués, se sont rendus jusque dans les locaux de la SGP «Proda», (Société de gestion des participations des productions animales) à Alger, pour «brader» leur produit, «mais face au prix littéralement cassé offert par Proda, à savoir 20,00 DA le kilo pour la catégorie «B» que nous produisons ici, les producteurs ont perdu tout espoir de trouver preneur à leur marchandise», explique, chiffres à l'appui, nôtre interlocuteur. Le surplus de la production de cette année, induisant une chute notable des prix sur le marché, «contraint les producteurs à vendre à perte, sinon à céder leurs récoltes comme aliment de bétail, quand on sait que les frais de production et de récolte nous coûtent une moyenne de 56 millions de centimes à l'hectare», ajoute le même agriculteur qui dit s'être déplacé jusqu'à la wilaya de Aïn Defla pour stocker 15.000 quintaux. Le manque d'infrastructures de stockage pour les céréales et les produits de large consommation avait été évoqué lors de la dernière visite du Premier ministre, au début de ce mois. Sellal avait annoncé la construction prochaine d'une chambre froide d'une capacité de 15.000m3, dans la localité de Oued Lilli. Soutenue à bout de bras par les pouvoirs publics, la filière de la pomme de terre dans la wilaya de Tiaret connaît un essor significatif, mais l'absence de planification à court et moyen terme ajouté au déficit flagrant en infrastructures de conservation, ont vite fait de donner un surplus important de récolte, avec des retombées catastrophiques pour les agriculteurs de la région. Les représentants des producteurs préconisent aux services relevant de la DSA de travailler sur la base d'un plan de récolte qui prévoit à l'avance les quantités à produire, y compris les semences, et éviter ainsi, de se retrouver dans cette situation surtout que le Système de régulation des produits de large consommation (Syrpalac), mis en place il y a plusieurs années, a du mal à donner des résultats probants sur le terrain», nous explique un producteur de la région de Sougueur, soulignant au passage le «risque important» de voir de nombreux fellahs abandonner les cultures d'arrière-saison pour ne pas aggraver leur situation. «Nous tablons sur une production de 350 quintaux par hectare», confiait en juin dernier M. Khodja Redjam, directeur de la régulation des produits de large consommation, à l'occasion de l'installation officielle du Conseil national interprofessionnel de la filière de la pomme de terre (CNIFPT). «Maintenant, le Conseil doit faire face aux nouveaux défis. La quantité étant assurée, il faut aller maintenant vers la diversification de la production et vers la transformation et l'industrialisation », soulignait de son coté le ministre de l'Agriculture et du Développement rural, Rachid Benaissa. La chute vertigineuse des prix de ce tubercule, du fait notamment de l'extension des superficies, «inquiète les agriculteurs», reconnaît volontiers le ministère de tutelle. En effet, ces derniers se voient céder le produit à moins de 15 DA/kg. Les prévisions du secteur, qui tablent sur une augmentation de 15% de la production cette année, est un autre motif d'inquiétude pour les professionnels de la filière. Le Conseil national interprofessionnel de la pomme de terre (CNIFPT) prévoit de stocker en 2013 dans le cadre du système de régulation (Syrpalac) quelque 250.000 tonnes de pommes de terre. Le système de régulation des produits agricoles de large consommation (Syrpalac) «commencera à absorber les surplus de production dès la semaine prochaine», selon son premier responsable. En 2012, la production nationale de pomme de terre s'est établie à 42,2 millions de q. contre 38,49 millions de q en 2011, 32 millions en 2010, 26 millions en 2009 et 22 millions en 2008. La croissance enregistrée par cette filière est due notamment, selon le ministère de l'Agriculture, à la mise en place du système de régulation (Syrpalac), créé en 2008 pour éponger les surplus de production et protéger les agriculteurs et le pouvoir d'achat des consommateurs. En cas d'effondrement des prix (en dessous de 20 DA/kg), ce système intervient pour acheter le produit entre 20 et 22 DA/kg auprès des agriculteurs. Selon la SGP «Proda», l'Algérie pourra procéder, dès cette année, à des opérations d'exportation, vu que le seuil de l'autosuffisance est dépassé largement grâce à une surproduction du produit.