Trente cinq milliardaires et 4100 millionnaires en Algérie, en 2012. Pas en centimes, non plus en dinars mais en bons dollars américains sonnants et trébuchants, selon New World Wealth qui s'appuie sur des données fournies par la Banque mondiale et l'OMC. C'est des sources sûres, confirmées, consultables à souhait ; pas de ces sources anonymes ou bien informées de chez nous qui annoncent que d'ici 2020, il y aurait 5600 millionnaires algériens en circulation entre deux à trois nationalités. Des chiffres qui donnent envie de dégobiller tant le discours officiel, servi à la sauce nationale contre la lutte contre la corruption ambiante, est orienté vers la transparence dans la gestion des affaires. Loin des discours pédants et des tournures de phrases prosaïques, cette information de l'existence officielle de 35 milliardaires et 4100 millionnaires en dollars algériens, qui ont la même carte d'identité verte que vous et moi et le chômeur de Reggane, qui habitent sous le même ciel de la République des gueux et des enfants du pouvoir, a de quoi choquer. Et profondément. Ce n'est pas qu'il y ait des milliardaires en Algérie qui interpelle les consciences vives mais le problème est de savoir d'où est-ce qu'ils débarquent ? D'où viennent-ils ? Qui sont leurs pères et surtout leurs parrains ? Qui sont-ils ? Marchent-ils sur terre ou possèdent-ils un tapis rouge étalé par la wilaya tout comme pour Chakib Khelil ? Qu'on nous dise s'ils sont Algériens à part entière ces milliardaires algériens sur papier ou sont-ils apparentés au Pouvoir par la grâce d'une alliance, du sang ou autre ? Un, deux voire dix milliardaires, ça peut passer, mais une trentaine de milliardaires en dollars, s'il vous plaît, il y a de quoi se poser des milliards de questions sur la provenance de telles fortunes sur une terre présumée socialiste. Le concept «min ayna laka hada» est d'autant plus d'actualité que la lutte contre la corruption est devenue ces derniers jours un cheval de bataille dont la première, et seule victime collatérale, malheureusement, est Chakib Khelil. Reste à savoir maintenant qui sont ces augustes milliardaires et millionnaires en dollars algériens ? La source ne cite ni nom, ni prénom encore moins les prête-noms. Des fortunes anonymes mis à part deux à trois noms bien connus des Services et le reste des barons de l'informel, des hommes de paille, des intermédiaires qui font office de relais à des noms de la politique effective, aux gestionnaires des biens de l'Etat et des fils du système. Ces fortunes, dont tout le monde connaît la provenance, les relais et les appuis, ne pourront jamais être inquiétées ni par le fisc ni par une quelconque enquête judiciaire surtout pas par le bras atrophié de l'Assemblée populaire nationale, et qui ont de beaux jours pour fructifier leurs chiffres d'affaires et leurs avoirs grâce à la bénédiction d'une Administration aux ordres prête à ramper au premier sifflet de leurs maîtres. Des fortunes à l'abri des regards et des calculs appartenant à des familles qui ont bâti des empires grâce à l'argent du peuple sans rendre compte de banqueroute ni de faillite. En Algérie, et mis à part quelques fortunes, il est offert un million de dollars à quiconque peut remonter les traces d'un milliardaire anonyme à la force de compromissions et de corruption. «Min ayna laka hada», question à un milliard de dollars qui flingue pour peu que celui qui est derrière le point d'interrogation ne soit pas lui-même millionnaire en dollars.