En prévision de la prochaine tripartite (gouvernement-patronat-UGTA), une rencontre a regroupé, jeudi dernier, les représentants du patronat algérien, la centrale syndicale et le ministre du Développement industriel et de la Promotion de l'investissement, Amara Benyounès. Au menu de cette rencontre, trouver de nouvelles solu-tions pour relancer la croissance industrielle et l'amélioration du climat des affaires. Selon le président de l'Union nationale des investisseurs (UNI la dernière des organisations patronales), Abdelouahab Rahim, soutenir la production nationale demeure la seule solution «si on veut freiner la frénésie des importations tous azimuts». «Le problème de l'économie nationale n'est pas relatif à la hausse des importations mais à la faiblesse de la production nationale. On pourrait arrêter les importations, mais il n'y aurait pas d'appareil productif national fort», insiste le président de l'UNI. M. Rahim a également appelé les pouvoirs publics à alléger davantage les procédures administratives relatives à l'acte d'investir. «L'administration doit encourager l'acte d'investir et la relance de la croissance», a-t-il dit. Pour le président du Forum des chefs d'entreprises (FCE), Réda Hamiani, il y a lieu de «fiscaliser» les importations et élargir les listes négatives soumises aux partenaires commerciaux de l'Algérie pour tenter de limiter les importations. M. Hamiani a, en outre, recommandé de réviser les statuts de l'Agence nationale du développement de l'investissement (ANDI) pour renforcer ses missions en matière d'accompagnement des investisseurs mais surtout «consacrer la liberté de l'acte d'investir». Concernant la question du foncier industriel, le président du FCE a proposé au gouvernement de restaurer «l'accès à la propriété du foncier au profit des investisseurs» ayant effectivement contribué à la création de la richesse. Le président de l'Association générale des entrepreneurs algériens (AGEA), Mouloud Kheloufi, a de son côté souhaité voir les autorités algériennes inclure les sociétés opérant dans le secteur du BTPH dans les dispositifs de mise à niveau des entreprises ainsi que le programme de création de nouvelles zones d'activités industrielles. Il a rappelé que les opérateurs nationaux du secteur du bâtiment importent jusqu'à 80% de leurs besoins en matières premières. Pour le patronat public, le président de l'Union nationale des entrepreneurs publics (UNEP), Ali Slimani, a exprimé le soutien de l'organisation qu'il représente à la vision des autorités en faveur de l'amélioration de la compétitivité des entreprises publiques économiques. Il a, toutefois, demandé au gouvernement de régler «définitivement» la question de la dépénalisation de l'acte de gestion et de revaloriser la rémunération des cadres dirigeants des entreprises publiques économiques. De manière générale, les représentants des organisations patronales présents à cette rencontre ont estimé que des avancées ont été enregistrées dans l'évolution du climat des affaires en Algérie, et ont exprimé leur satisfaction quant à la démarche du gouvernement de les associer au débat économique et à la concertation sur les mesures à prendre pour assainir l'environnement de l'entreprise. Par ailleurs, le secrétaire général de l'Union générale des travailleurs algériens (UGTA), Abdelmadjid Sidi Saïd, a insisté sur l'importance de la relance du secteur industriel national. «Si nous réussissons ce défi, nous sortirons de la logique d'être seulement des consommateurs», a-t-il dit. «Le défi est de réinjecter nos ressources financières dans le secteur de l'industrie qui va relancer tous les autres pôles de l'économie», ajoute M. Sidi Saïd. «Volonté réelle» Intervenant lors de cette rencontre, le ministre du Développement industriel et de la Promotion de l'investissement, Amara Benyounès, a appelé les opérateurs économiques à une «concertation permanente» pour relancer durablement l'industrie nationale et réduire la dépendance de l'économie des hydrocarbures. Le ministre a souligné, au cours d'une réunion avec les organisations patronales en prévision de la prochaine 'tripartite'', la nécessité «d'instaurer un climat de confiance et une concertation qui doit être permanente pour pouvoir avancer». Le secteur industriel, pivot du développement économique dans les années 1970, a connu ces dernières années 'un déclin'', a rappelé M. Benyounès, mettant l'accent sur l'urgence de se doter d'une «véritable politique de développement» et redonner à l'industrie nationale 'la place qui était la sienne''. «Nous n'avons pas d'autres alternatives que de développer le secteur industriel pour développer notre économie. Il y a nécessité d'une véritable reprise de l'industrie», a-t-il soutenu. M. Benyounès a estimé que l'entreprise algérienne, qu'elle soit publique ou privée, «doit être au cœur de l'économie», affirmant sa profonde conviction que le partenariat public-privé est l'une des clés du succès escompté. «Il y a consensus autour de la nécessité d'accorder la priorité à l'entreprise algérienne», a-t-il ajouté. Réitérant «la volonté réelle» du gouvernement de donner une nouvelle impulsion à l'industrie nationale et à promouvoir la production nationale, le ministre a appelé les entreprises publiques à ne plus compter sur l'Etat, mais sur leur compétitivité. Les opérateurs économiques sont invités à réfléchir et à dégager les actions à mettre en œuvre pour améliorer la production nationale, une démarche dans laquelle les pouvoirs publics «se sont engagés résolument», a-t-il ajouté. Pour faciliter l'acte d'investir et encourager la création d'entreprises, le ministre a salué l'idée portant création d'une banque publique d'investissement, et a insisté pour la présentation de propositions susceptibles de résoudre l'épineux problème du foncier industriel en Algérie. M. Benyounès a mis également l'accent sur la volonté du gouvernement d'assainir l'environnement économique de l'entreprise, améliorer le climat des affaires et enfin alléger les procédures administratives pour encourager la liberté d'entreprendre. Les contraintes économiques et les entraves rencontrées par les PME relevées par les organisations patronales, au cours de cette rencontre de concertation, auront une réponse prochainement, a-t-il assuré. Des rencontres périodiques seront organisées, en outre, pour évaluer la mise en œuvre sur le terrain des décisions qui seront prises, a souligné M. Benyounès.