Quand le ministre des finances et le gouverneur de la Banque d'Algérie parlent des finances pu-bliques du pays sans citer les mêmes chiffres, ils ne peuvent que faire des diagnostics différents. Elémentaire mon cher Watson, dirait Sherlock. Les amateurs de polar vous le diront cependant : personne de sérieux ne veut être «Watson». Mais tout le monde ne peut pas être le grand Sherlock qui examinerait les indices pour décider qui de Djoudi ou Leksaci parle vrai. Il y a un grand écart entre un gouverneur qui dit «attention» et un ministre qui dit que tout ne vas si mal. Mais on le sait, envisager les mauvais scénarios est un exercice stimulant pour inciter à l'action et à l'anticipation. L'l'inquiétude est plus intéressante que l'autosatisfaction. Quant à l'anticipation, on attendra. Surtout que le flou politique s'installe durablement et qu'aucun indice n'annonce que l'on va vers les prémices d'un début de changement. La rentrée étant plutôt placée sous le sceau du surplace et du ronron, autant poursuivre à scruter ce qui s'est passé durant l'été. On aura découvert que les estivants ne sont pas forcément des touristes mais qu'ils pourraient le devenir un jour. Qu'Oran et sa région ont la cote chez les Algériens qui finissent par y trouver, plus ou moins, un peu de notre dolce-Vita perdue. Et qu'on pourrait retrouver si on se mettait à bosser et à avoir des règles qui s'appliquent. Avec des chiffres et des infos en béton avec. Pour l'instant on ne bouge pas globalement, on s'ennuie et on se perd - à suivre le feuilleton de Bouteflika et du DRS, du quatrième mandat ou du demi quatrième mandat Finalement, l'évènement de la rentrée pourrait être ces jeunes de Nabni qui obtiennent la «consécration» en étant invités à la tripartite. Une innovation indéniable même si l'on peut s'inquiéter, justement, des effets acritiques de cette «consécration». Ne préjugeons de rien. Refusons, par optimisme de volonté, «l'a-quoi-bon» démissionnaire qui fait des ravages ! Que l'on partage les idées de Nabni ou non, personne ne peut nier qu'ils parlent, plus que d'autres, de l'avenir proche, moyen et lointain. Et que s'ils ne sont pas des «révolutionnaires», ils ne sont pas sur la rengaine du «tout ne va pas si mal». Dans une Algérie incapable de se projeter sur six mois, des gars qui parlent de 2020 et un peu plus loin, cela ne manque pas d'intérêt. Même si une hirondelle ne fait pas le printemps, mot anodin que certains transforment en menace existentielle. Sans se rendre compte que la menace est bien dans cette projection dans l'avenir rendue impossible par le fonctionnement déroutant parce que sans règles du système. Certains disent qu'on est «bien» quand on se compare à la Libye et à sa pagaille. Ils en tirent la conclusion aberrante qu'il ne faut rien changer. Ce qui est le meilleur des raccourcis vers la pagaille.