Quatre ans après son lancement, la stratégie «e-Algerie 2013» ça fouille. Pis, elle est un énorme échec et cristallise tout le retard de l'introduction des TIC en Algérie. C'est du moins le constat établi hier mardi par le président de l'Association algérienne des fournisseurs de services Internet (AAFSI), Ali Kahlane. Critiquant vertement cette stratégie et le «flou» qui l'a entourée depuis son lancement en 2009, il a relevé que ce programme est un «échec». «La stratégie e-Algérie 2013 n'a pas marché», estime M, Kahlane, par ailleurs membre de la Commission nationale du haut et très haut débit depuis 2011, une commission décidée par le président Bouteflika lui-même pour donner plus de mordant au développement des TIC en Algérie, dont un réseau internet de très haut débit. Selon M. Kahlane, les raisons de cet échec s'expliquent par l'absence, dans cette stratégie, d'une structure ayant suffisamment d'autorité pour diriger et coordonner des actions de développement nécessairement multisectorielles. «Un ministère ne peut pas donner des instructions à un autre ministère. Il est indispensable qu'il y ait un leadership, une structure nationale qui relève de la plus haute hiérarchie possible de l'Etat, le Premier ministère ou la présidence de la République», estime t-il. Le développement des TIC en Algérie ne peut faire l'économie d'une telle structure, «inhérente au secteur», estime t-il. Une structure qui doit avoir l'autorité nécessaire et le droit de regard sur plusieurs secteurs à la fois, en coordonnant avec les opérateurs (téléphonie et Internet), les autorités de régulation et les associations des professionnels. Bien plus, cette structure projetée aura pour mission principale d'élaborer une politique globale de développement des TIC, déclinée en stratégies sectorielles et intersectorielles et d'arrêter une feuille de route à remettre à chaque secteur d'activité «pour que tout le monde puisse suivre la même cadence», a expliqué M. Kahlane. Aujourd'hui, le bilan de la stratégie «e-Algérie 2013» est bien terne, a-t-il laissé entendre, car ce programme devait développer les TIC en Algérie, y compris l'Internet de très haut débit, ce qui n'est pas encore le cas, hélas ! en cinq ans. «La stratégie e-Algérie 2013 est un plan majeur et promoteur. Mais à quelques mois du bilan, personne n'en parle», a t-il regretté lors d'un débat au Hilton sur le développement des TIC en Algérie, estimant qu'il est important aujourd'hui de savoir ce qui a été réalisé et ce qui reste à réaliser de cette stratégie. Après son adoption par le gouvernement en janvier 2009, le plan «e-Algérie 2013» a été lancé dans le but de réaliser un saut qualitatif dans le développement des TIC, notamment l'Internet, à l'horizon 2013. La gestion de ce programme a été confiée au ministère de la Poste et des TIC, avec d'importants investissements publics prévus, notamment dans les infrastructures de base des TIC (fibre optique), la formation des ressources humaines, la généralisation des nouvelles technologies et l'encouragement de la production de contenus. Hélas! les TIC restent encore à la traîne en Algérie, et l'échec est patent, estime M. Kahlane. Contrairement aux pays voisins, la Tunisie et le Maroc, le débit internet en Algérie ne dépasse pas les 2 megas et, souvent, les connexions sont lentes, les internautes de certaines grandes villes du pays y accèdent difficilement. Le bilan est négatif, selon des experts, de cette stratégie «e-Algérie 2013»: le très haut débit n'est pas encore au rendez-vous, le haut débit est encore une promesse, alors que dans la téléphonie mobile un gouffre sépare l'Algérie des autres pays africains. Certes, des incubateurs existent dans la mythique ville de Sidi Abdellah, mais là aussi, il n'y a beaucoup plus que du virtuel, en attendant les grands projets promis par le MPTIC. La nouvelle équipe installée au MPTIC, avec l'arrivée de Mme Derdouri, aura bien du pain sur la planche, notamment avec cet objectif du seul grand FAI (fournisseur d'accès à Internet) qu'est Algérie Télécom après le départ rocambolesque de l'EEPAD, de réaliser un peu plus de 40.000 km de fibres optiques. Une autre promesse qui est loin d'être réalisée, selon les aveux mêmes de son directeur général, M. Mehmel, du fait des grosses difficultés sur le terrain. En attendant, les réseaux en Algérie exploiteront toujours le bon «vieux cuivre» pour surfer sur la toile, faire du télétravail ou monter des start-up...à la vitesse de l'escargot.