Des mesures administratives pour essayer d'endiguer l'explosion des importations existent. Elles sont décriées par les acteurs économiques qui les jugent inefficaces et contreproductives. L'Ugta est pour La Balance des paiements de l'Algérie est «en état de choc». Le constat est du gouverneur de la Banque d'Algérie, Mohamed Laksaci qui précise que «le compte courant de la balance des paiements extérieurs a enregistré un déficit de 1,2 milliard de dollars au premier semestre de l'année en cours, alors qu'il avait enregistré un excédent de 10 milliards de dollars au premier semestre 2012». Principale cause de ce déficit sans précédent depuis près de 15 ans, la réduction brutale de l'excédent commercial sous l'effet à la fois de la baisse des exportations en quantité et en valeur et d'une hausse toujours aussi irrésistible des importations. La confirmation de la flambée des importations algériennes aura été la principale nouvelle économique de l'été. Dès le début du mois de juillet le premier ministre avait adressé une correspondance au ministre des finances en l'invitant à faire des «propositions concrètes et urgentes en vue de réduire les importations et les transferts vers l'étranger». Un peu plus tard, à la mi-juillet, Abdelmalek Sellal réunit les PDG des banques publiques pour leur demander de réfléchir aux moyens de réduire les importations de biens de consommation via les instruments de financements du commerce extérieur. Le 7 août, c'était au tour du ministre des finances, Karim Djoudi d'annoncer la mise en place d'un groupe de travail sur l'évolution des importations dont les conclusions devaient être rendues avant la fin du mois du mois d'aout. On attend, pour l'instant, de connaître le contenu exact des propositions faites par les experts du ministère des finances qui font déjà l'objet de conjectures diverses dans la presse et les milieux économiques nationaux. LE NOUVEAU CREDO Depuis le début de l'été l'endiguement des importations est donc devenu le nouveau crédo du gouvernement. Mais de quels moyens dispose t-il pour tenter de renverser la tendance ? Les spécialistes interrogés se montrent en général assez sceptiques à propos des marges de manœuvres disponibles à court terme et dans le contexte de la préparation des présidentielles du printemps prochain.Parmi les solutions de type «administratif» qui pourraient être envisagées figurent notamment un nouveau nettoyage du fichier des entreprises d'import-export. Dans ce domaine, une option plus dure pourrait être constituée par le relèvement du seuil du capital minimum des opérateurs du secteur dans le but de réduire leur nombre qui se mesure encore en dizaines de milliers.La définition de normes plus strictes pour les produits importés est également une piste évoquée mais suppose un outillage dont l'administration algérienne, faute d'expérience dans ce domaine, ne dispose pas encore de façon significative.Deux autres options seraient beaucoup plus lourdes de conséquences. La piste du rétablissement des licences d'importation est évoquée avec insistance ces dernières semaines. Elle entraînerait une inversion complète de la démarche de libéralisation du commerce extérieur mise en œuvre depuis 1995 avec des conséquences qui restent encore difficilement mesurables. De même, l'interdiction pure et simple de l'importation de certains produits, à l'image des listes de médicaments produits en Algérie et prohibés à l'importation qui a obtenu des résultats non négligeables, est une solution dont l'utilisation sur une large échelle parait difficilement envisageable. Surtout si l'on reste dans une perspective marquée par la volonté de notre pays de conclure rapidement les négociations d'adhésion à l'OMC. LES OPERATEURS POUR UN TRAITEMENT ECONOMIQUE DE LONG TERME Des solutions administratives sont disponibles sur le court terme maisleur efficacité est incertaine et les inconvénients nombreux. Des acteurs économiques influents ont par ailleurs affiché clairement leur défiance vis-à-vis des solutions administratives et plaident en faveur d'un traitement économique de l'envolée des importations. Le patron du Forum des Chef d'entreprises (FCE), Réda Hamiani a clairement affiché son scepticisme à propos des décisions administratives. Il a relevé qu'une modulation des droits de douane et des taux de TVA serait l'option la plus appropriée pour orienter la consommation vers la production nationale et décourager l'importation de produits de luxe ou jugés «inutiles».Le Délégué général de l'Association des banques et établissements financiers (ABEF), Abderrezak Trabelsi a souligné sur une chaine de radio nationale que «notre histoire économique récente a montré la faible efficacité de la régulation administrative».Abderrezak Trabelsi se prononçait ainsi en faveur d' «une régulation indirecte qui donne de bien meilleurs résultats que la régulation administrative». Alors que le gouvernement garde encore un silence prudent sur ses intentions, il ne reste plusque les dirigeants de l'UGTA pour défendre ouvertement le rétablissement des autorisations d'importation. Ils ont confirmé encore ces derniers jours qu'il soutiendrait cette option à l'occasion de la prochaine tripartite, le 10 octobre prochain.