La pause observée dans la croissance des dépenses du budget de l'Etat en 2013 aur a été, sans surprise, de courte durée. Le projet de loi de finances pour2014 adopté en Conseil des ministres revient aux «bonnes habitudes» prises depuis 2007. Avec une croissance à 2 chiffres du montant des dépenses budgétaires. Les dépenses projetées par le projet de loi de finances (PLF 2014) sont de plus de 7.600 mds de DA contre près de 6.900 mds DA en 2013, soit une hausse de 11,3%. Cette croissance 3 fois plus rapide que celle du PIB va en premier lieu renforcer le poids de la dépense publique dans l'économie nationale. Pourtant, il y à peine un mois,la Banque d'Algérie (BA) avait au titre de l'année 2012 attiré l'attention de l'Exécutif sur la tendance haussière des dépenses publiques. La BA soulignait notamment que «le poids de la dépense publique a pris des proportions importantes, passant de près de 45% en 2011 à 50% du PIB en 2012. Alors que ces ratios sont de l'ordre de 27% au Maroc et 26% en Tunisie en 2011» Une situation qui illustre de façon très claire la «vulnérabilité significative du budget de l'Etat». Le chiffre le plus significatif cité par Mohamed Laksaci concernait la forte croissance des dépenses budgétaires totales en 2012, évaluée au niveau vertigineux de 22,5%. Un rythme qui «n'est pas soutenable» concluait le Gouverneur de la Banque d'Algérie. La nouvelle croissance des dépenses de l'Etat prévue en 2014 ne va pas arranger les choses et le cap des 50% du PIB risque fort d'être franchi l'année prochaine. UN DEFICIT BUDGETAIRE ABYSSAL Le déficit budgétaire prévu pour 2014 estimé au niveau faramineux de 45 milliards de dollars va également relancer le débat sur le niveau de plus en plus élevé du«prix d'équilibre budgétaire». Le prix du baril de pétrole qui permet de financer les dépenses du budget de l'Etat associé à la loi de finances 2013, marquée par une plus grande «prudence» en matière de dépenses publiques se situait selon différentes sources à un niveau proche de 105 dollars. Il va de nouveau bondir au-dessus de 110 dollars en 2014 soit à un niveau supérieur aux prix observé sur le marché au cours des derniers mois ( 109 dollars selon la Banque d'Algérie pour le premier semestre 2013) en posant le problème du financement du déficit par les ressources économisées dans le Fonds de Régulation des Recettes. DES DEPENSES DE FONCTIONNEMENT EN PILOTAGE AUTOMATIQUE Dans le prolongement des déclarations du ministre des finances qui prônait une « approche beaucoup plus prudente en matière de dépenses notamment celles de fonctionnement et surtout celles relatives aux salaires de la Fonction publique où nous avons atteint le plafond »,le budget 2013 avait tenté de ramener les dépenses courantes à un «niveau plus acceptable». Grâce à la fin des opérations du versement des rappels sur les salaires de la Fonction publique. Le maintien de la paix sociale n'a cependant pas de prix, particulièrement dans cette période où le gouvernement est invité explicitement à « préparer les prochaines échéances politiques ». Le parlement est encore appelé à approuver pour l'année prochaine des dépenses de fonctionnement de plus de 62 milliards de dollars ( environ 4700 milliards de dinars) qui prendront en charge notamment la création de plusieurs dizaines de milliers de nouveaux postes dans la Fonction publique ( on parle de 10 000 policiers pour les régions du sud du pays) ainsi que des transferts sociaux réglés sur le mode du pilotage automatique en raison notamment du blocage des prix de nombreux produits et services soutenus par l'Etat. Les dépenses de fonctionnement projetées pour 2014 s'affichent ainsi en hausse de 8,7 % par rapport à 2013. DEPENSES D'EQUIPEMENT : LE POIDS DES RESTES A REALISER La bonne nouvelle annoncée par le PLF 2014 est constituée par une hausse importante des dépenses d'équipement (+15,6%). Elles bénéficieront en priorité aux infrastructures économiques et administratives, à l'éducation et la formation,aux infrastructures socio-culturelles et à l'agriculture et l'hydraulique. Avec un budget de près de 130 milliards de dinars, le soutien à l'accès à l'habitat occupe également une place croissante. Ce type de dépenses, généralement bien considéré par les économistes qui y voient un usage de la rente pétrolière favorable au développement économique, ne représentera néanmoins qu'un gros tiers des dépenses totales de l'Etat (2.940 mds de DA) en 2014. On peut noter que malgré leur augmentation sensible, elles ne devraient pas échapper à des arbitrages sévères. L'exposé des motifs du projet de loi prévoit en effet « une restructuration du financement des projets en fonction de leur maturation et des capacités financières disponibles ». En clair : les projets en cours dont le stock est considérable continueront d'être financés alors que les financements de nouveaux projets seront étudiés au «cas par cas».