L'Etat est décidé à acquérir l'unité de pneumatiques de Michelin Algérie à Badjarah, quel qu'en soit le prix à payer. Ce sont les propos du ministre de l'Industrie et de la Promotion de l'investissement, Amara Benyounes, rapportés par un député. Des propos qui confirment la volonté du gouvernement de préserver à tout prix le site industriel de Bachdjarrah et de s'opposer à sa reconversion annoncée par l'accord conclu entre Michelin Algérie et le groupe Cevital. Le gouvernement serait prêt à surenchérir pour éviter la fermeture du site, le seul qui produit localement de pneus. Pour les autorités, le marché algérien justifie le maintien de la production locale alors que les importations ont connu une hausse fulgurante. Entre 2001 et 2010, les importations algériennes sont passées de près de 94 millions de dollars à environ 270 millions de dollars. En 2003, l'Algérie exportait des pneumatiques pour une valeur de 1,3 million de dollars coïncidant avec l'entrée en production de l'usine Michelin Algérie. Ces exportations ont atteint la somme de 23,148 millions de dollars en 2007 avant de chuter à 8,5 millions en 2010. Cette baisse des exportations s'explique par la hausse de la demande du marché algérien. C'est l'argument majeur des autorités algériennes pour s'opposer à la fermeture du site de Michelin. A plus forte raison que l'on cherche à développer les industries mécaniques et que l'usine Renault d'Oran démarrera avec un niveau d'intégration plutôt faible qui a suscité l'ire du président du Conseil national consultatif pour la promotion des PME, Zaim Bensaci. Le DG de Michelin Igor Zyemit, avait invoqué pour justifier la fermeture de l'usine des «problèmes de "rentabilité" d'une usine qui «ne répond plus aux exigences de la compétitivité". LE FNI A LA RESCOUSSE Le gouvernement, lui, ne semble pas douter de la rentabilité de l'usine. «Nous sommes prêts à payer 10 fois le prix de cession des actifs de Michelin Algérie pour que nous préservions l'unité industrielle et les emplois», a déclaré Amara Benyounès mardi dernier devant la Commission des Finances de l'Assemblée populaire nationale (APN). Le député du Parti des travailleurs, Djeloul Djoudi, qui a révélé à Maghreb Emergent, la teneur de cette réunion. Le ministre, selon notre source, n'a pas exclu l'éventualité d'un partenariat avec des opérateurs étrangers pour faire relancer cette unité industrielle, cédée il y a quelques mois par le fabricant français de pneumatiques Michelin au groupe industriel privé algérien Cevital. Les propos du ministre de l'industrie pourraient faire monter les enchères de cette acquisition, au détriment du Trésor public. Un autre député du PT, Smain Kouadria, a indiqué auparavant que le Fonds national de l'investissement (FNI) et la société de commercialisation et distribution des produits pétroliers et dérivés (NAFTAL) étaient en lice pour le rachat des actifs du fabricant de pneumatiques en Algérie. Le groupe Cevital et Michelin Algérie, se sont jusque-là abstenues de tout commentaire concernant le développement de cette affaire. Le site de production de Bachdjarah est à l'arrêt depuis début septembre et 400 travailleurs sur les 600 qui étaient en activité dans l'usine ont été contraints de partir moyennant une compensation financière. Le reste des employés a refusé le compromis car le montant n'était pas conséquent à leurs yeux. Ils sont en attente d'une solution. Une attente qui durera le temps des négociations entre L'Etat algérien et Michelin Algérie.