Fraichement installé, le wali d'Oran, Zâalane Abdelghani, est sorti hier sur le terrain. Première cible: les trémies en chantier. «Vous n'avez qu'à faire un sondage auprès des citoyens. La situation est insupportable dans ce goulet d'étranglement. Les travaux avancent à une vitesse de tortue. C'est un non-chantier, plutôt. Pourtant, il s'agit d'un important et non moins urgent projet qui vise à fluidifier la le trafic, avec à terme un impact direct sur l'environnement urbain », a répliqué le nouveau chef de l'exécutif à la question d'un journaliste sur son choix de ce point comme objet de sa première sortie. Premier arrêt : la trémie de Haï Emir Abdelkader (ex-St Hubert), à l'intersection entre le 3e boulevard périphérique et le CW 83. Le bus transportant la presse a eu du mal pour y accéder, tant l'endroit était embouteillé de part en part à cause de (l'éternel) chantier et ses innombrables carences en matière de signalisation. Le petit cortège officiel, lui aussi, s'est frayé un chemin non sans grand mal, tant un énorme flux d'automobiles s'était formé. Sur place, deux affichettes de la DTP indiquent sommairement que les opérations de terrassement, de préfabrication et de pose d'éléments sont à 100% et que celle des voies latérales en est à 50%. Selon l'écriteau, le taux global d'avancement physique du projet est de 80%. La DTP fait savoir également par le biais de la même affiche qu'il est question d'une opération d'aménagement (revêtement, éclairage, plantation) à hauteur des deux trémies de Haï Emir Abdelkader et de l'ENSET, dont les marchés ne sont pas encore attribués. Or, ce qui n'est pas noté, c'est que l'entreprise de réalisation de ces deux ouvrages, ENGOA, a été mise en demeure à deux reprises par le maître d'ouvrage pour lenteur et dépassement de délais, sans que cela ne soit suivi de changements. D'après les explications données par le réalisateur des deux ouvrages, il reste notamment l'assainissement des eaux pluviales sur 1,4 km, avec forage gravitaire et rejet final vers Petit-Lac, dont l'étude est en cours. Parmi les renseignements fournis par les plancardes de la DTP, on peut également retenir qu'ENGEOA a fait l'objet d'un ODS d'arrêt, en juin dernier, laquelle sera expliquée avec confusion et ambiguïté par la première responsable locale du secteur devant le wali. Ce dernier, dès qu'il a foulé le sol du chantier, l'expression de son visage et encore davantage le ton de ses propos dévoilaient, on ne peut plus clairement, son insatisfaction quant à la cadence d'exécution des travaux. Cependant, le nouveau wali d'Oran n'était pas au bout de ses surprises et sa déconvenue montait crescendo au fil des étapes pour atteindre son comble au point suivant, la trémie de l'ENSET, à l'intersection entre le 3e périphérique et la RN A2. Là, au premier regard depuis le pont surplombant le tunnel, M. Zâalane est resté sans voix. Le décor des eaux boueuses stagnant au fond de la trémie inachevée, avec, en tout et pour tout, cinq ou six ouvriers en train de fixer le coffrage, souder des bouts de fer, cimenter des joints en disait long sur la « nonchalance » du chantier. « Vous voulez me faire croire que vous avez le paradis ici. La réalité est toute crue. Le chantier parle de lui-même. Vous avez deux ouvriers sur 1,4 km de chantier, c'est incroyable ça ! », a riposté sèchement le wali à la DTP qui tentait tant bien que mal de justifier le gros retard cumulé. Sur la base du constat très peu reluisant, le wali a ordonné aux responsables du chantier de «mettre à l'arrêt séance tenante, les ouvriers à l'œuvre », moyens humains jugés très en deçà des exigences du projet, tout comme les moyens matériels engagés. « Je veux voir ici, et très bientôt, un chantier, un vrai. Vous n'aurez plus d'excuses ! », a averti le chef de l'exécutif local. Afin de booster les choses, il a donné des instructions pour faire appel à d'autres entreprises, en appoint à l'ENGOA, à l'effet de renforcer les chantiers des deux trémies en question, avec comme échéance de livraison et mise en service, la fin d'année. «Je ne crois pas que l'option de la résiliation soit une bonne décision, d'autant que nous sommes en stade avancé. Il vaut mieux choisir un mauvais arrangement qu'un procès perdant», a répondu le wali à un journaliste, alors qu'il s'enquérait de l'état d'avancement des deux autres trémies, celles des Amandiers et du lieu dit «Coca-Cola», déjà mis en service mais qui font actuellement l'objet de travaux d'aménagement.